Février 1915

    Jusque là épargnée, c'est sur la colline de Xon que va se déverser le feu allemand. Après avoir fortement organisé les défenses à l'extrème droite du Bois-le-Prêtre, le 3e Bataillon du 167e va contribuer, aux côtés des 233e, 232e, 277e, 325e, 36e colonial... à la défense du couloir de la Moselle et à repousser l'attaque allemande dirigée sur le signal de Xon.
    Cette colline se trouve sur la rive droite de la Moselle, ses 356 mètres offrant de magnifiques vues sur les positions environnantes. Sa défense s'appuie sur les les hameaux de Xon, Norroy et Héminville (tous deux aujourd'hui disparus).

     Le 13 Février, les allemands déclanchent l'attaque par un intense bombardement des positions françaises. fortement secoués, les Français abandonnent Norroy pour se replier sur Héminville. A 15h00, deux colonnes allemandes investissent Norroy et Xon. Les contre-attaques française des 325e et 314e RI échouent.
    Le 14 février, les contre-attaques se succèdent. Deux compagnies du 223e prennent la ferme de Saint-Michel dans la matinée. A 19 heures, deux compagnies du 6e bataillon du 277e RI sous les ordres du Commandant Willemet réussit à progresser sur la pente est du Xon, en direction de Norroy. La progression reprend le lendemain matin, et le 16 février. Les Allemands défendent aux Français l'accès de Norroy. Les mitrailleuses déciment les assaillants qui parviennent tout de même à occuper le cimetière et 300 mètres de tranchées devant le village. Quant à l'attaque de Xon par le 325e RI, c'est l'échec.
    Le 17 février, le 277e est relevé en soirée par le 232e RI. Le régiment déplore 104 tués, dont 3 officiers, 413 blessés et 145 disparus.
    Le 18 février, c'est au tour du 36e colonial de se porter à l'attaque de la position. Encadré par le 222e RI et le 18e chasseur, le 4e bataillon gravit les pentes de Xon sous les tirs d'artillerie et enlève d'un seul élan les tranchées allemandes. Les positions du signal de Xon sont à nouveau notres. Les Allemands s'enfuient vers le Bois de Fréhaut et Woivrotte.
En 5 jours de combats, 2000 soldats tomberont sous les balles.

 

 

    Sur le front principal de la Brigade Mixte, les travaux de sape et d'organisation défensive se poursuivent intensément. Le Commandement de la 73e Division attache un soin tout particulier à se tenir informé de la progression des travaux."..En exécution des prescriptions de votre notification n° 3433/5 d'une note émanant du Général Commandant la Iere Armée, j'ai l'honneur de vous rendre compte que, dans le Secteur de la Brigade Mixte, du Bois Brulé (exclus), à la Moselle, le double réseau de fil de fer existe autour du centre de résistance de première ligne dit "de l''Auberge de St-Pierre" ainsi que dans l'intervalle séparant ce centre de celui du Bois Brulé et dans l'espace s'étendant de Haut-de-Rieupt à la Moselle.
La progression pied à pied dans la forêt du Bois-le-Prêtre correspond à une organisation spéciale analogue à celle des approches de la guerre de siège et exigeant par suite des lignes de tranchées continues.
Quand à la 2e ligne, qui comprendrait les centres de résistance ci-après :
- Mamey
- Mamelon 340 et Corne N.O. de la forêt de Puvenelle et croupe à l'Est.
- Croupe 338.
- Corne N.E. de la Forêt de Puvenelle au Sud de la Folie.
- Maidières - Pont-à-Mousson (R.G.)
Elle n'est actuellement qu'ébauchée. Son achèvement exigerait une main d'oeuvre qui n'existait pas jusqu'à présent mais que les troupes des 2e et 3e tours de l'organisation nouvelle pourront fournir pour le plus grand bien de leur instruction.
Si l'on veut entourer les divers centres de résistance ci-dessus d'un double réseau et barrer leurs intervalles avec le même procédé, il faudrait prévoir l'emploi de 200 tonnes de fil de fer environ"
. (compte-rendu du Colonel Riberpray, Cdt la Brigade Mixte, adressé au Général Lebocq, le 4 Février 1915).

    Le Colonel Riberpray le souligne. C'est une guerre de siège qui se déroule au Bois-le-Prêtre. C'est par une préparation minutieuse du terrain que la progression vers les objectifs pourra être obtenue. Le Génie ne ménage pas sa peine. La construction de nouveaux ouvrages et tranchées est entreprise afin d'augmenter la ligne de feu. Les sapes se multiplient. Le travail est rendu plus difficile encore avec l'amorce du dégel qui occasionne des éboulements et dégâts dans les tranchées et boyaux, nécessitant d'importants travaux de réfection.

    En face, l'activité n'est pas moindre. Le 12 Février, la sape du Génie tombe, ligne des "A", sur un souterrain creusé par les Allemands ; probablement une galerie de contre-mine. Ce même jour, à 10h00, une "mine" allemande tombant à l'heure de la soupe sur un abri d'une section de la 3e Cie, tue 12 hommes.

    Un attaque est ordonnée pour le 16 Février. Le Lieutenant-Colonel Pourel, commandant le 353e en définit les modalités. L'objectif est d'enlever la ligne des Z, des L et des G. Les 167e, 168e et 353e d'Infanterie conduiront l'offensive. Pour sa part, le 167e engagera deux compagnies en première ligne, (2 autres se placeront en réserve). Les 5e et 6e Cies du 167e sont chargées de l'attaque de Z8 comme premier objectif, et de G1 et G2 comme deuxième objectif. Le mouvement est lié à celui du 353e qui se trouve en Z11 et à cleui du 2e Btn du 168e qui est à l'Ouest du chemin Nord-Nord-Ouest de la Croix des Carmes..."Etant donné l'étroitesse du front, (35 à 40m), les 2 Cies ne peuvent agir que l'une derrière l'autre. La 6e Cie occupe Z10 avec un section, Z2 avec 3 sections. La 5e Cie, installée dans l'ouvrage n°2 pousse deux sections dans le boyaux L-Z2.
Avant le bombardement, l'unité occupant Z10 se replie sur Z2, laissant quelques guetteurs.
Pendant le bombardement, des obus tombent à l'intersection de Z2 et du boyau Ouest Z2-Z10 faisant exploser une charge concentrée préparée par les sapeurs du Génie. Plusieurs sapeurs sont tués ou blessés ; l'adjudant Courquet et 8 hommes de la 6e Cie sont tués dans l'abri Z2. Il y a 29 blessés.
La 6e Cie du 168e qui devait appuyer se droite au canon de 90, (à l'Ouest de Z2), reflue sur le 167e à la suite des effets du 155c. De nombreux blessés de cette unité viennent s'ajouter à ceux du 167e ; l'abri Z2 n'est plus qu'un refuge de blessés. Les différents boyaux sont encombrés de tués, de blessés, de troncs et de branches d'arbres, abattus par les obus, de sacs à terre provenant des talus effondrés.
A 11h45, heure de l'attaque, la progression est forcément ralentie ; du reste, la mine de Z10 n'a atteint qu'une partie du parapet de Z8. L'infanterie ennemie occupe toujours la tranchée Z8, les compagnies qui sont à droite et à gauche n'ont pas avancé d'un pas ; le terrain en avant de Z10 est plus inextricable que jamais. Il faut renoncer à se lancer en avant dans des conditions désaventageuses. Les emplacements primitifs sont réoccupés. De l'ordre est remis dans les compagnies et la 6e Cie est renforcée par un peloton de la 5e, attendant une occasion plus favorable".

    Une nouvelle attaque prévue pour le lendemain, est remise à plus tard. Au final, Les postes avancés de la ligne des A ont été reliés par une nouvelle tranchée (ligne Y). Deux petits postes importants ont été pris, en lisière du Quart en Réserve. Le contact est étroit sur la crête que domine encore les Allemands : 18 fourneaux de mines sont préparés sous la ligne allemande. Devant la ligne des Z, deux tranchées intermédiaires sont aussi prises successivement. En présence de ces succès partiels mais répétés, l'ennemi chaque fois délogé, réagit continuellement. Et pour mettre fin à ces accrochages incessants, il prépare une attaque de grande envergure.