Le 3 Août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.
Le Parlement convoqué en session extraordinaire se réunit le 4. Au Sénat, le Garde des Sceaux, ministre de la justice, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin lit un message du Président de la République, puis Réné Viviani, président du Conseil, donne lecture d'une commnunication du Gouvernement :
"la France, injustement provoquée, n'a pas voulu la guerre. Elle a tout fait pour la conjurer. Puisqu'on la lui impose, elle se défendra contre l'Allemagne et contre toute puissance qui, n'ayant pas encore fait connaître son sentiment, prendrait part au côté de cette dernière au conflit entre les deux".
Les deux chambres votent ensuite à l'unanimité une série de textes de défense nationale, puis l'ordre du jour de cette session extraordinaire étant épuisé, le Parlement s'ajourne sine die.
"168e d'Infanterie à la Caserne Marceau de Toul, en Juillet 1914"
Le plan du Maréchal-Comte Alfred von Schlieffen, (1833-1913), préconisait une attaque brutale destinée à mettre à terre la France en quelques semaines ; laissant ainsi toute latitude à l’Allemagne pour se retourner efficacement contre la Russie dont la mobilisation effective ne semblait pas envisageable avant de longues semaines. L’objectif ? Fondre sur Paris en contournant les Ardennes, les Vosges et les forteresses de Verdun, Toul, et celles d’Epinal et Belfort en s’infiltrant entre cette dernière et Nancy par la trouée des Charmes.
Le plan XVII adopté par les Français, misait l’essentiel sur l’invasion de l’Alsace et la Lorraine annexées. Ni l’un ni l’autre de ces plans n’abouti. Si l’Allemagne, violant la neutralité luxembourgeoise et belge, progresse rapidement vers Paris, elle doit prélever du front de précieuses divisions pour faire face à la surprenante rapidité de la mobilisation russe, (15 jours), et se voit infliger un cuisant revers dans la Marne. Quant aux français, l’offensive en Lorraine se solde par un échec. Après quelques succès (libération de Thann, Mulhouse, faubourgs de Colmar), l’armée française ne peut concrétiser les objectifs du plan XVII. La 2e armée de Castelnau se replie sur le Grand Couronné de Nancy. Le front se stabilise alors sur une ligne allant de Gerbeviller à Mont sur Meurthe, suivant la Mortagne, traversant la forêt de Vitrimont, passant par le Léomont, la tuilerie de Réméreville, Erbéviller, Champenoux et longeant les pentes du Grand Couronné jusqu’à Pont à Mousson, dans les environs de laquelle nous retrouverons notre 167e RI au mois de Septembre 1914.
Pour l'heure, le 167e, Régiment de Forteresse de Toul, commandé par le Lieutenant-Colonel NITARD, reçoit l'ordre de mobilisation le 1er Août 1914. A la réception de cet ordre, la composition du Régiment est la suivante :
1er Btn, 2e Btn, ½ 3e Btn (11e et 12e Cies) et C.H.R. à Toul et dans les ouvrages du secteur Nord-Est. ½ 3e Btn (9e et 10e Cie) au fort de Manonviller (mobilisation spéciale ; fort d’arrêt).
1er Août :
5 Août :
Etat d’avancement des travaux :
10 Août :
Répartition du Régiment.
Le 167e Régiment d'Infanterie n'a pas encore été engagé dans les durs combats qui font rage sur le Front. Cependant, il pleure déjà ces trois premiers morts et la défaite française de Morhange.
Compte tenu de la proximité de la frontière, le commandement allemand a truffé la région de positions fortifiées fort bien préparées. Malgré ces caractéristiques , Joffre a prévu dans son plan opérationnel de lancer la IIe armée du général de Castelnau à l’assaut de ce bastion, (Située dans la zonne des étangs au Nord-Ouest de Sarrebourg, Morhange fait partie, en 1914, de la Lorraine annexée à l'Empire allemand). Les 15e et 20e corps s’emparent, dès le 18e Août, des villages frontaliers, mais viennent buter les 19 et 20 contre ces lignes farouchement gardées par les détachements du prince Ruprecht de Bavière. Le 15e corps reflue après avoir éprouvé des pertes sensibles, découvrant le 20e corps qui repousse tous les assauts allemands avant de décrocher à son tour.
Le 22 Août, les Allemands occupent Lunéville. Le Fort de Manonviller s'en trouve complètement isolé et soumis au bombardement ennemi. On se rappelle que les 9e et 10e Cie du 167e Régiment, sous le commandement du Chef de Bataillon Rocolle, sont stationnées au Fort. Le 24 Août 1914 tombe le Soldat Henri Bétaille de la 10e Cie, premier tué du 167e RI, à ma connaissance, au cours d'un échange de feu entre patrouilles française et allemande. Deux autres soldats , Eugène Feltz (9e Cie) et Maximilien Villette (10e Cie), sont tués les 26 et 27 Août (jour de la reddition de la place). Tous trois sont inhumés dans la même fosse, au carrefour des routes de Manonville à Laneuville-aux-bois, à la sortie du Fort.
La bataille de Morhange est donc un échec, les Allemands ne l’ayant livrée que pour fixer d’importantes forces françaises dans cette partie du front, alors que l’effort principal de l’envahisseur est porté en Belgique.
Cependant, Moltke entrevoit la possibilité de donner une toute autre envergure à sa manœuvre, certains désormais de pouvoir effectuer un débordement par l’Est afin d’encercler l’ensemble des forces françaises. En s’engouffrant dans la « Trouée de Charmes », puis contournant les places de Toul et Verdun, la VIe Armée allemande prendra à revers les IIIe et IVe Armées françaises de Sarrail et Langle de Carry, déjà aux prises avec deux autres armées allemandes sur la Marne.
Cette manœuvre se heurte du 23 au 27 Août 1914 à la résistance victorieuse de l’armée de Dubail, entre Meurthe et Mortagne, puis entre Mortagne et Moselle. Une contre-attaque rejette les Allemands depuis Rozelieures jusqu’à la rive droite de la Mortagne (27 au 29 Août).
Après la défaite de Morhange, il s'agit d'une victoire hautement psychologique pour nos troupes. Celle-ci ont fait preuve d'un courage et d'une opiniâtreté que les Allemands ne soupçonnaient pas.