Janvier 1917

  Relevée au tout début du mois de Janvier 1917, la 128e DI se dirige vers le sud-est de Verdun. Les 167e et 168e RI s'installent aux environs de Haudiomont; le 169e, un peu plus au sud, à La Bonzée.
Les 3 et 4 Janvier, les Bataillon du 167e RI sont relevés par le 325e d'Infanterie; direction Erize-la-Grande et Erize-la-petite pour y prendre un repos bien mérité, jusqu'au 9 Janvier inclus.

  Du 10 au 12 Janvier, les 2e et 3e Btns restent à Erize-la-Grande et le 1er Btn à Erize-la-Petite, où il procède à des travaux de nettoyage et de réorganisation.

  Le 13 Janvier, la 128e d'Infanterie s'apprète à remonter en ligne. Ordre est reçu de relever la 130e d'Infanterie.
  Occasion pour le Colonel Girard, commandant la 255e Brigade, de rappeler aux Lieutenants-Colonels des 167e et 168e RI, quelques points essentiels à ses yeux :
   ...Au moment où nous allons remonter en secteur, le Colonel Commandant la Brigade croit devoir rappeler une fois de plus certains principes d'hygiène, d'organisation et de discipline dont l'application est constante, mais dont la nécessité impérieuse se fait tout particulièrement sentir en ce moment.
1°) Hygiène - Lors de notre dernier séjour devant Verdun, nous avons dû évacuer cinq hommes pour maladie contre un à la suite de blessure par le feu.
  Le manque d'hygiène est donc à redouter cinq fois plus que le bombardement ennemi. En conséquence, le Commandant et le Service de Santé doivent s'appuyer plus que jamais l'un sur l'autre et s'entr'aider dans la lutte contre la maladie. En particulier, les Médecins de Bataillon iront journellement visiter les Commandants de Compagnie de 1ere ligne dans le but d'arrêter les mesures à prendre pour protéger la santé de nos hommes.
  Les P.S de Bataillon seront installés auprès des Chefs de Bataillon qui les visiteront fréquemment. Des précautions multiples seront prises contre les pieds de tranchée, conformément aux Ordres répétés du Général Commandant la Division et aux instructions du Service de Santé, (graissage fréquent des pieds, massage, échange des chaussettes et, si possible, des chaussures, éviter d'approcher du feu des pieds humides, faire remuer les hommes).
On veillera au port de la ceinture de flanelle, (directement sur le ventre), et à celui des vêtements d'hiver.
   La nourriture sera prise sera prise chaude, (rapprocher le plus possible les cuisines roulante, faire usage d'alcool solidifié). Distribuer enfin des boissons chaudes aux soldats.
Enfin, il importe, par des relèves intérieures fréquentes, de ne pas laisser longtemps, (trois jours pleins au maximum), les mêmes unités en toute première ligne.

2°) Organisation - Dès l'arrivée en secteur, les Commandants de Compagnie, les Officiers spécialistes, les Chefs de Bataillon reconnaitront dans le détail le terrain dont ils ont la garde. Ils en établiront personnellement un croquis détaillé, prenant auprès de leurs prédécesseurs avis des travaux en cours, des travaux en projet.
   Les C.R. des Chefs de Bataillon à leur Chef de Corps seront adressés en communication au Colonel Commandfant la Brigade, (3 jours après l'entrée de chaque Bataillon en secteur).
  Il est rappelé que, quelle que soit la répartition des troupes adoptées par nos prédécesseurs, il importe d'établir immédiatement une consigne pour le cas d'attaque, (par le feu - par les gaz) et d'avoir des troupes de garnison de 1ere ligne, de ligne de soutien et d'éléments chargés de la contre-attaque.
  Les consignes établis seront adressées en communication, en même temps que les C.R....


  Son vingtième anniversaire, Désiré LEFORT le fêtera entre deux affectations. Le 13 janvier 1917, il quitte le 31e RI au sein duquel il a été instruit de la "chose militaire" et a reçu le baptème du feu. Le 14 janvier, mon Grand-Oncle arrive au 167e RI. Le régiment reçoit encore quelques renforts de la classe 1917. Renforts qui se font immédiatement remarquer puisque le Colonel Girard en fait directement mention dans sa note au paragraphe "Discipline" :...Enfin, nous venons de recevoir des renforts de la classe 1917. L'impression que produisent ces jeunes gens est celle de gamins peu disciplinés. Le Colonel Commandant la Brigade prescrit que tout homme de la classe 1917, placé en sentinelle ou chargé d'une mission, sera toujours doublé d'un soldat d'une classe ancienne, ayant déjà vu le feu. En aucun cas, un soldat de la classe 1917 ne pourra être chargé isolément d'une mission devant l'ennemi...

Aucune offensive d'envergure n'est envisagée dans ce secteur réputé calme. Cependant, la région demande toute l'attention et la vigilance du régiment. Le terrain est peu organisé et les Allemands bénéficient d'une importante couverture forestière, notemment devant Watronville et Ronvaux.
Le Régiment restera en secteur jusqu'à la fin du moins, alternant les relèves à Chatillon, Watronville, au Camp Romain, au Camp Nanvan et à l'Ouvrage Jaulny.