Avril 1917
La bataille des Monts de Champagne s'inscrit dans le cadre plus vaste de l'offensive décidée par le Général Nivelle, sur le Chemin des Dames.
Entre vallées de l'Aisne et de l'Ailette, presque à mi-chemin entre Soissons et Laon, le Chemin des Dames s'étire d'est en ouest, courant sur les crêtes d'un plateau dominant les vallées de plus d'une centaine de mètres. Pour l'anecdote, le Chemin des Dames est ainsi nommé parceque Louis XV y fit ouvrir une route pour permettre à ses filles de se déplacer en direction de Cerny-en-Laonnois et Craonne.
En 1914, battus sur la Marne, les Allemands en retraite, s'accrochent à cet obstacle naturel. Ce sont ces défenses que le Général Nivelle décide de rompre en avril 1917.
L'objet de l'offensive est de rompre le front, et de détruire la masse principale des forces allemandes sur le front occidental.
La 128e DI participera à l'engagement.
Le 21 Mars, le 167e est relevée de la région d'Haudiomont et gagne par étapes la Champagne, sous le commandement du Chef de bataillon Le Brun, (remplacant le Colonel Mariande parti à l'instruction le 15 mars).
Le 29 mars, le Régiment arrive à Vadenay.
1er Avril - l'Etat Major, la C.H.R., le 2e Btn, 1ere et 3e C.M. quittent Vadenay et se rendent à Vraux où ils cantonnent.
Le 2 Avril - Le 2e Btn sauf la 2e C.M. quitte Vraux et se rend à Courmelois à la disposition du Général Commandant le 8e C.A. pour l'exécution de travaux.
8 Avril - Dans la nuit du 8 au 9, les 1er, 2e et 3e Btn quittent leurs emplacements et viennent cantonner à Saint-Hilaire-au-Temple.
9 Avril - L'Etat Major, la C.H.R. les 1ere, 2e et 3e C.M. quittent Vraux et se rendent à Saint-Hilaire-au-Temple. Le Régiment y reste en cantonnement jusqu'au 16 Avril.
Le 9 avril, le régiment est regroupé à Saint-Hilaire-au-Temple (sud de Vadenay), et se soumet à de durs entraînements et exercices d'attaque. Mise à la disposition de la IVe armée du Général Anthoine, la 128e DI partira en deuxième ligne, derrière la Division Marocaine.
Cette dernière a pour mission d'enlever la partie orientale du massif de Moronvilliers (Monts Sans Nom, Cornillet, Le Téton, Le Casque, le Mont Haut, les Monts-Blonds), puis reprenant l'attaque à son compte, la 128e DI devra se diriger vers Suippes et Vouziers.
Les Français engagent sur les 18 kms de front assignés, trois Corps d'Armée; les VIIIe (d'Hély d'Oissel), XVII (Dumas) et XIIe (Nourisson). Sont mobilisés, 1600 canons, 75 battteries de campagne, 78 batteries d'artillerie lourde courte, 44 batteries d'artillerie lourde longue, 4 canonnières fluviales. 22 escadrilles et 11 compagnies d'aérostiers couvrent le front de la IXe armée.
Le front allemand, bien organisé, est tenu par les troupes de la IIIe Armée de Von Einem.
Dans la nuit du 16 au 17 Avril, le Régiment en entier fait mouvement sur Mourmelon-le-Grand. A 2h00 du matin, le 167e RI quitte Saint-Hilaire-au-Temple. Les conditions climatiques sont exécrables. On traverse le Camp de Châlon, (terrain de manoeuvre et d'entrainement inauguré en 1857). Le 167e arrive à Mourmelon-le-petit vers 6h15, moment où se déclanche l'offensive.
Le régiment reste sur place pendant des heures. Il fait très froid, les giboulées sont fréquentes et violentes. De son côté, le 168e RI se porte par bonds successifs, à travers le bois de Pins, vers la ferme Moscou où il s'installe vers midi et attend les évènements.
Les nouvelles ne sont pas excellentes. Si le massif de Moronvilliers est atteint, les pertes sont très lourdes et l'on s'accroche difficilement au sommet.
A 22h00, le 167e RI reçoit l'ordre de quitter ses positions afin de rejoindre Mourmelon-le-Grand. Le 168e RI est mis à disposition du XVIIe CA.
L'affaire n'a pas réussi comme il était permis de l'espérer. La Division Marocaine s'est élancée à l'assaut, mais elle s'est heurtée à des résistances sérieuses, à des mitrailleuses non réduites; ses pertes sont terribles. Cette première journée de combats en Champagne se solde par un succès en demi-teinte. Les premières positions allemandes ont été enlevées par les Français qui ont atteint en certains endroits les emplacements des bataillons de réserve ennemis.
Des succès ont été obtenus, notemment au Mont-Sans-Nom et au Mont-Blond mais les objectifs ne sont pas atteints; la progression française est enrayée par une farouche résistance allemande.
Dans la nuit du 17 au 18 avril, le colonel Chepy (168e RI), est informé que deux de ces bataillons sont mis à disposition de la 1ere Brigade Marocaine et sont immédiatement engagés.
Le 18 avril, le 1er bataillon du 168e RI rejoint la Légion Etrangère avec laquelle il entame la progression. C'est la lutte à la grenade, la conquête longue et pénible du réseau de tranchées qui s'étend au pied des pentes du massif. Pendant trois jours, les sodats du 168e RI, mélangés aux légionnaires, combattent et avancent sur plus de 2 kms, la 2e Cie participant à la prise d'Auberive.
Le 19 Avril le 167e se porte à la Ferme Moscou.
Le 20 Avril, le 3e Btn, placé en soutien de la 33e D.I. prend part au affaires du Casque (la 10e Cie et la 3e C.M. sont engagées). Le III/167e du Commandant Rivière, monte au bois-des-chiens, en soutien du 20e RI, traverse de puissantes organisations enlevées aux Allemands le 17 avril, sous le feu de l'artillerie ennemie. La 10e Cie (Capitaine Hennegrave), est détachée afin d'appuyer l'attaque d'un bataillon du 20e RI, et du 1er d'infanterie légère d'Afrique. Objectif: le Casque.
(Historique du 20e RI) : "Pendant l'après-midi, la préparation d'artillerie a repris sur le Casque; à 17h00, du Bois 307, le 1er bataillon s'élance à l'assaut. Un feu de mitrailleuses de la plus grande violence se déclanche aussitôt du Mont Perthois, des tranchées de Rendburg et de Gottigen; le barrage d'artillerie se déclanche à son tour, mais la chaîne de nos tirailleurs progresse hardiment sans un seul mouvement de faiblesse, malgré les vides que font les balles et les obus. Elle atteint les tranchées, où un combat acharné se livre, au cours duquel presque tous les occupants sont tués et une douzaine de mitailleuses tombent entre nos mains. Déjà les sections, énergiquement entraînées par leurs chefs, gravissent les pentes du Casque, mais elles ne tardent pas à refluer, car ces pentes, balayées par les mitrailleuses de la lisière sud du Bois du Casque, et de flanc par celles du Mont Perthois, constituent un glacis infranchissable. Cette brillante opération nous a coûté des pertes irréparables. Le lieutenant Daussonne est tué en tête de sa compagnie."
La 10e Cie du 167e a soutenu efficacement l'effort du 20e RI, et occupe les positions enlevées au sommet du Casque, repoussant une violente contre-attaque au cours de la nuit.
Le 21 avril, la 3e Cie du II/168e (mis à dispostion du 7e Tirailleur), se rend maître de la tranchée Bethmann Holweg, où elle capture une batterie de 77.
Le 24 avril, le I/167e, augmenté d'un groupe de grenadiers d'élite, entreprend l'attaque du fortin sud-ouest de Vaudésincourt, et du système de tranchées situé sur les lisères sud du village. Quatre heures d'âpres combats sont nécessaires pour réduire ces organisations. La 1ere section de la 3e Cie fut citée, toute entière, à l'ordre de la Division Marocaine.
Dans les nuits du 24 au 25 et du 25 au 26 Avril, le Régiment relève dans le Sous-Secteur du Golfe, le Régiment de la Légion de la Division Marocaine.
Dans la nuit du 25 au 26, le 3e Btn se porte de la Ferme Moscou à la ligne P20 Centre Jubault-Centre Lambert.
Le 3e Btn relève en 1ere ligne le 1er Btn qui se porte en réserve de secteur au village Gascon, dans la nuit du 26 au 27 Avril.
En fin de mois, le Régiment se livre à des activités de surveillance et aux travaux d'organisation des positions ennemies conquises.
Le 30 Avril, 2 Cies des Btns en ligne prennent part aux opérations. Les objectifs sont tous atteints.
Les combats d'avril ont été rudes, les pertes importantes et les gains relatifs. Le front se stabilise, les choses se calment. Le 167e RI tient le secteur entre le Bois-Noir et Vaudesincourt. Il va s'atteler dès lors à organiser le terrain conquis.
"Situation de la 128e division d'Infanterie le 30 Avril 1917"