Capitaine Antheaulme de Nonville
168e d'Infanterie
Blessé le 13 Décembre 1914


Capitaine de Moly Charles
168e d'Infanterie
Tué le 13 Décembre 1914


Le Boulba Albert
167e d'Infanterie
Tué le 13 Décembre 1914


Hodar Louis
167e d'Infanterie
Tué le 13 Décembre 1914






















Père Hilarion


Pére Hilarion


Décembre 1914


Prise de la Fontaine du Père Hilarion


     En ce début de mois de Décembre, le 3e Bataillon du 167e est à nouveau séparé des deux autres bataillons du Régiment. Le 1er Décembre, le 2e Btn, relevé au Carrières par le 1er Btn du 168e, part cantonner à Manoncourt, alors que l'Etat-Major du 167e rejoint le 1er Btn à Royaumeix. Augmentées du 2e Btn du 168e, ces troupes vont former un Régiment de Marche en réserve d'armée, placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel Nitard.
Le 6 Décembre, ces deux bataillons reçoivent le renfort de 160 hommes, destiné à combler les trouées sanglantes opérées par les rudes combats des premiers mois de guerre.

    En Novembre, nos troupes ont buté sur le saillant formé par le ravin du ruisseau du Père Hilarion. La 73e Di va consacrer une bonne partie du mois de Décembre à tenter d'enlever cet objectif d'importance.
    La 73e DI lance l'attaque le 7 décembre 1914, avec sept bataillons (167e, 346e, 353e, 369e RI et 47e RIT), sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pourel (Commandant le 353e RI, qui décèdera de ses blessures le 24 Septembre 1916). L'assaut est appuyé par six pièces de 90, huit mortiers de 150mm, quelques canons de 155 "court". Sont également utilisés des canons de 75mm placés à "La Folie" au Nord-Est de la forêt de Puvenelle. La veille, le Lieutenant-Colonel a informé le Colonel Riberpray que la progression de nos troupes, après un intense travail de sape, "a continué jusqu'au réseau de fil de fer. Ce dernier a 10 à 12m de profondeur et touche la tranchée allemande. Le réseau de fil de fer sera entamé demain matin. Nous arrêtons nos dispositions de combat".

A 8h00, l'infanterie française s'élance à l'assaut, culbutant l'ennemi sur 300 mètres. Les nids de mitrailleuses sont pulvérisés par nos 90mm. De son côté, le Capitaine Rozier du 346e RI, avec les 17e et 18e compagnies, progresse à cheval sur la route de Pont-à-Mousson, se frayant un passage au travers d'abatis et de réseaux de fil de fer, arrive à hauteur de la barricade de la route et occupe cette barricade. A peine installée, la 17e Cie doit faire face à une contre-attaque allemande de huit compagnies, qui sont immédiatement arrêtées et rejetées après un dur combat.

    Depuis le début du mois, le 3e Btn du 167e d'Infanterie occupe le secteur du Haut-de-Rieupt, travaillant d'arrache-pied à l'aménagement intérieur du parc Bamberger, accomplissant une besogne considérable afin de relier les différents ouvrages au dit parc et à la sape Touloise qui suit au Sud la tranchée du Père Hilarion. Curieusement, les Allemands ne s'opposent pas aux travaux d'approche mais restent sur le qui-vive ; au cours d'une patrouille, le Sergent Ganaye, de la 12e Cie, est mortellement blessé le 2 Décembre.
    Les 8 et 9 décembre, notre infanterie obtient encore des succès similaires et parvient jusqu'à la maison forestière. La 10e Cie du 3e bataillon du 167e coopère à ces actions les 8, 9 et 10 Décembre.
     Le 8 décembre, le 5e bataillon du 346e passe à l'attaque. La progression est sensible. Elle se poursuit le 9 décembre jusqu'au boyau A1, B1, tandis que le 6e bataillon, à gauche, se porte à hauteur du 5e. La 10e Cie du 167e dispose de deux sections en 1ere ligne ; à 80 mètres en face d'elles, une tranchée allemande d'environ 50 mètres se dessine. Sous la pression de l'attaque de gauche, (Cdt Subsol), l'adjudant Bétizeau remarque un flottement dans la tranchée ennemie. Aussitôt, il ordonne un mouvement en avant. Les deux sections s'élancent d'un bond et enlève la tranchée allemande, que vient occuper la 12e Cie. Les Allemands laissent entre nos main un e grande quantité de matériel et 8 prisonniers. 6 Français de la Cie sont tombés au cours de l'attaque ; 15 autres sont blessés. L'attaque est malgré tout courronnée de succès : la 23e Cie du 353e enlève le Père Hilarion. A la surprise générale, les Allemands abandonnent le terrain, se retranchant sur la ligne de crêtes.


"Positions du 3e Bataillon du 167e d'Infanterie les 7 et 8 Décembre 1914"


     Le 10 décembre, un nouveau gain de 100 mètres est enregistré. Une compagnie, composée de 2 sections de la 9e Cie, d'une section de la 11e et une autre de la 12e, est placée sous les ordres du Lieutenant Colin. Une attaque doit être tentée par 3 sections pendant que la 4e doit essayer de se rabattre sur le flanc de la tranchée allemande. Le mouvement doit être facilité par les feux partis du mur du parc Bamberger et qui prendront de flanc la tranchée ennemie. Les sections d'attaque ont pour base de départ, les ouvrages D et E.
    La 12e Cie restera sur ses positions pour parer à toute attaque sur le flanc droit (1 peloton de la 9e Cie est en réserve, en seconde ligne dans l'ouvrage D ; 3 sections de la 11e Cie sont en première ligne dans l'ouvrage E et une compagnie de territoriaux est placée en réserve générale).
    A 12h35, les canons de 90 placés aux routes de Vilcey et de Norroy, ouvrent le feu sur les tranchées allemandes. A 13h10, des brèches sur les tranchées sont signalées.
    A 13h30, les sections désignées pour l'attaque, quittent les ouvrages D et E et s'élancent à l'assaut. Malgré une vive fusillade, la première tranchée, (située à une centaine de mètres de l'ouvrage D), est enlevée. Nos troupes sont beaucoup moins heureuses en tentant d'aborder les tranchée de seconde ligne. Les tirs partant d'un ouvrage de seconde ligne, situé à une centaine de mètre de la première tranchée, empêche toute progression. En effet, cette seconde ligne allemande est particulièrement bien organisée. Etablie sur une crête, on en aperçoit à peine le tracé et n'a pu être bouleversée par la préparation d'artillerie en raison de la haute futaie et du rapprochement des arbres qui la dissimule en grande partie.
    A 14h30, la progression ne pouvant pas s'effectuer, la compagnie d'attaque doit camper sur ces positions afin de conserver les positions conquises.
 Pendant toute l’attaque, le Haut-de-Rieupt et la partie située au sud des ouvrages D et E ont été soumis à un fort bombardement d’artillerie de 77. Les défenseurs de Bamberger et de Haut-de- Rieupt ont reçu également des obus de 105.
En résumé, la ligne obtenue est à cheval sur les tranchées de Vilcey et Norroy, sa droite à 30 ou 40m de l’extrémité Nord du parc, sa gauche en avant de l’ouvrage E.
18 blessés et 10 tués, (le Lieutenant Magnin succombe à ses blessures, le lendemain, à Pont-à-Mousson), sont à déplorer.
    Les combats continuent toute la nuit, et le lendemain, 11 décembre, le 3e bataillon enlève les défenses adverses. De fait, les Allemands évacuent les maisons de Haut-de-Rieupt jusqu'aux Mélèzes.
     Le 12 décembre, la 12e Cie s'empare des Melèzes et du bois Munier, sa gauche appuyée à la tranchée de Vilcey, atteinte par le 6e batailon du 346e RI. Cette opération marque un nouveau de gain de 200 mètres. Le 3e bataillon organise une forte ligne qui va servir de base à de nouvelles attaques sur la lisière Nord du bois Munier et les bois communaux.

    Le 13 Décembre, Le 3e Bataillon reçoit l’ordre de s’avancer sur les Mélèzes, et de relier ce point d’appui avec la tranchée de Vilcey où deux bataillons des 369e et 353e ont pris pied.
La 12e Cie a un peloton sur les Mélèzes et l’autre sur la ligne "Tranchée de Vilcey-Mélèzes", et l’autre, sur les positions à occuper. Le peloton de gauche est renforcé par une section de la 11e et une section de la 9e. La construction d’un ouvrage dit « ouvrage N du Bois Munier », se composant de deux tranchées, l’une sur la tranchée de Vilcey, l’autre sur le chemin de Norroy et réunies entre elles par un réseau d’abattis et fil de fer en forme de V est entreprise.
En résumé : en 1er ligne 3 pelotons (12e Cie, 1 section 9e, et 1 section 11e)
                     En 2e ligne 3 pelotons (1 pel des 9e, 10e e 11e)
                     En réserve 1 Cie (1 pel 10e, 11e, 9e, et 1-10).
Le bataillon possède, sa section de mitrailleuses à la corne Nord-Ouest des Mélèzes ; une du 47e Territorial à  la tranchée de Vilcey ; 2 fusils mitrailleurs à la tranchée de Norroy et un canon de 90 à la tranchée de Vilcey.


    14 Décembre – Répartition du Btn :

  • 1ere ligne : 1 peloton de la 11e à la tranchée Ouest de l’ouvrage N ; 1 peloton de la 9e Cie à la tranchée Est de l’ouvrage N ; 3 sections de la 12e Cie aux Mélèzes.
  • 2e Ligne : 1 peloton de la 11e Cie tranchée Ouest de l’ouvrage.
    1 peloton de la 9e Cie à la tranchée Est de l’ouvrage ? et 1 section 12e Cie.

    Pendant toute la seconde moitié du mois de Décembre, le 3e Bataillon continue à retourner le terrain, organisant défensivement les positions conquises, reliant tranchées et ouvrages les uns aux autres. Le 28 décembre, les deux compagnies de première ligne prennent pour objectif le taillis 30 et la partie nord du bois Munier. C'est un nouveau gain de 150 mètres. La droite, en contact immédiat avec l'ennemi, s'organise. La gauche, arrêtée par les taillis, ne progresse que par un travail de sapes.
Nos lignes ne sont qu'à une cinquantaine de mètres des positions allemandes, à hauteur des carrières de Norroy.

    Cette fois, l'ennemi bien que toujours très combatif, a montré moins de pugnacité qu'à l'ordinaire. Tous les assauts français sur cette partie du Front sont couronnés de succès. Sur les 4 km que présente le Front, 1500 m ont été gagnés par les troupes françaises. A nouveau, la combativité et le courage de nos soldats ont su pallier à la faiblesse de notre artillerie. Culbutés, les allemands se repositionnent sur la crête du bois et se hâtent d'organiser le terrain.



Bois de Rémières - Bois de la Sonnard


    En parallèle à ces évènements, le 167e RI participe aux opérations visant à la réduction du bastion de Mort Mare. Une action d'envergure est organisée sur le flanc ouest de ce point. Aux 1er et 2e bataillons du Commandant Duchaussoy, alors en réserve à Royaumeix, est confiée l'attaque des lisières Nord du bois de Remières. Le mois de décembre 1914 est épouvantable dans la région. La boue de la Woêvre rend difficile les manoeuvres. L'attaque est différée jour après jour.
    Le 12 Décembre, à 18 heures, ordre est reçu du colonel Cdt la 128e Brigade, de porter le Btn de Mandres à la sortie Est de Beaumont, route de Seichprey, face au Nord-Est, en réserve de Brigade et de rapprocher le bataillon d’Ansauville à Mandres aux 4 Tours. Ce dernier bataillon arrive à 20h30 à Mandres.
     La mission des deux Bataillons (1er et 2e) du 167e Régiment d'Infanterie (renforcé d'un bataillon et de 2 sections de mitrailleuses de la 128e Brigade, ainsi que de 2 sections du Génie), telle qu'elle est prescrite par l'ordre d'attaque du Colonel Petitjean (Commandant la 128e Brigade), est d'attaquer le 13 Décembre, les tranchées du Bois de Rémières et le Bois de la Sonnard, depuis la pointe Ouest du Bois jusqu'à environ 700 mètres plus à l'Est, tout en essayant de déborder le Bois par l'Ouest.
     La première phase sera menée par la 128e Brigade :
Les renseignements fournis par les avions semblent indiquer que les Allemands ont établi, sur une grande partie du Front, deux lignes de tranchées. Ce qui implique que nos troupes seront contraintes à des efforts successifs afin de vaincre une résistance ennemie qui s'annonce très sérieuse.
Le Colonel Petitjean préconise la formation d'importantes chaînes de tirailleurs qui auront pour mission de pousser en avant sans se laisser arrêter par les tranchées de guetteurs, afin d'aborder les objectifs visés au plus tôt. "...l'abordage de ces tranchées dépend essentiellement de la force des troupes qui les occupent, et de l'importance des réseaux de fil de fer qui les doublent ; d'une manière générale, devant des tranchées fortement tenues et précédées d'un véritable réseau, il faut une fois ce réseau atteint, empêcher les tirailleurs ennemis de tirer sur les hommes qui ouvrent des passages, et ces passages ouverts, en venir vivement à l'action à la baïonnette qui est le but général de toute action d'Infanterie. Les renforts et troupes disponibles renforceront la chaîne et l'entrainera à l'assaut, assureront l'occupation des tranchées conquises et s'opposeront aux contre-attaques. Elles agiront éventuellement sur les ailes des tranchées occuppées pour étendre latéralement cette occupation et poursuivre l'opération jusqu'au bout, et produiront enfin un nouvel effort sur les tranchées ennemies qui viendraient à se révéler en arrière.
Le signal de l'attaque sera donné par les Chefs de Bataillon, à l'heure prescrite et sera suivi quelques instants après de la sonnerie de la charge ordonnée par le Colonel commandant le 1er Régiment".(Régiment de 1ere ligne).
    La seconde phase sera menée par le 167e Régiment d'Infanterie :
L'attaque du Bois de la Sonnard "...sera exécutée par le 167e Régiment, renforcé dès le début par un bataillon et deux sections de mitrailleuses de la 128e Brigade et de deux sections du Génie.
L'emplacement initial du 167e, avant de partir à l'attaque, sera constitué par les abris établis en arrière de la 1ere ligne des tranchées, dans la partie droite de la position, (Boqueteau dans la partie du Bois de Rémières et Bois de Rémières. Le bataillon de la 128e Brigade, à la disposition du 167e, sera dans les abri de la partie gauche.
De 5 heures à 6h30, distribution des cisailles [...], arrivée des sections de mitrailleuses et des sections du Génie mises à la disposition du 167e, reconnaissance, par les officiers du Régiment, du franchissement de nos parallèles et placement des unités face à leur objectif.
Une fois la lisière Sud du Bois atteinte, il est de la plus grande importance que l'artillerie soit avisée, dans les grandes lignes, des mouvements sous bois, pour allonger son tir en conséquence. Cette indication d'allonger son tir sera donnée par des fanions rouges agités latéralement à la lisière du Bois et si possible par une liaison téléphonique que l'Etat-Major de la 128e Brigade s'efforcera d'établir entre la lisière du Bois et le poste de commandement du Boqueteau voisin du Bois de Rémières"
.




"Secteur Bois de Rémières - Bois de la Sonnard"

   En exécution de cet ordre, les deux Bataillons du 167e, se présentent les 13 Décembre à 4 heures, à Seicheprey et se dirigent, conduits par des guides, par le bois de Rémières, dans le boqueteau situé au Nord-Est de ce bois et prennent leur dispositif face aux objectifs ; le 1er Btn, à droite, secteur I, 2 Cies en première ligne (1ere et 2e), 1 cie en arrière sur le flanc droit (3e), 1 Cie à la disposition du Cdt du Rgt au Sud du Boqueteau ; 2e Btn dans le secteur II, dispose de deux Cies (5e et 6e), la 7e Cie en seconde ligne à la disposition du Cdt du Rgt au Sud-Est du Boqueteau. Le colonel cdt l’attaque se réserve dispositon de la 8e Cie placée dans les abris du ravin.
6h30 – Arrivées à la pointe du jour sur une position inconnue des chefs de section, ne disposant dans ce petit boqueteau pour les compagnies en réserve que de boyaux de communication insuffisamment protégés et de circulation très pénible par l’eau et la boue, les Compagnies sont soumises immédiatement à des rafales très bien réglées de l’artillerie adverse. Et ce, bien avant que la nôtre soit entrée en action. La progression des unités jusqu’à nos tranchées de 1ere ligne, que le commandant de l’attaque leur a prescrit d’occuper, en se substituant aux unités de la 128e Brigade, afin de se trouver ainsi placées pour le mouvement ultérieur, est accueillie par une fusillade nourrie qui joint ses effets à la canonnade. Une partie des fractions du 252e ne peut même pas se reporter en arrière, ni céder sa place dans les tranchées ; néanmoins, les Compagnies parviennent à se placer face aux objectifs.
    8 heures – La chaîne de tirailleurs sort des tranchées. Ce mouvement, protégé par le feu d’un certain nombre de fractions des ailes, est rendu long et très pénible par l’état du terrain, la boue épaisse et glissante s’opposant au franchissement. Des tranchées de première ligne allemande, la fusillade cloue sur place cette chaîne qui, sur certains points, a pu faire une dizaine de mètres.
Les Commandants de Cie des 1ere (Pointener), 2e (Rossi) et 6e (Brière) tombent tués. La chaîne, ne pouvant progresser, cherche, sur certains points, à s’enterrer ; l’état du sol ne permet pas de le faire. Sur presque tout le front, les tirailleurs reprennent leur place dans les tranchées ; la fusillade continue très intense sur tout le front.
     A la droite du secteur I, une section de la 1ere Cie a cru pouvoir faire un bond plus considérable, a même gagné 400 mètres environ, mais son chef est tué (Morel), les chefs de ½ sections, tués ou blessés. La section, très réduite, se replie à hauteur des tranchées, grâce à la protection  de la section de mitrailleuses placée à la lisière Est du boqueteau, qui s’oppose à une contre-attaque tentée par l’ennemi sur nous. Le feu des tranchées allemandes de la partie Hors-Bois prend d’enfilade la partie gauche de l’attaque dans le secteur I,  ce qui nous immobilise dans la tranchée sur ce point. La section de mitrailleuses placée au centre de la face Est du boqueteau essaye d’intervenir, mais une de ses pièces est rendue précisément inutilisable par la boue. Une grande partie des fusils ne fonctionne pas ; en effet, les mains des hommes sont pleines de boue et ceux-ci en introduise dans l’arme avec les cartouches, les armes étant elles-mêmes couvertes de boue par le moindre contact avec le sol.
     Dans le secteur II, mêmes difficultés ; la compagnie d’attaque ne peut progresser au-delà de la parallèle.
Le Cdt de Cie, un officier et le sergent-major sont tués ou blessés dès le début. Sur ce point également la progression ne peut être poursuivie.
En présence de ces difficultés et devant la constatation que l’occupation en force par l’ennemi de ses premières lignes, d’une part, et l’état du terrain qui ne permet pas de se mettre à couvert à chaque bond, d’autre part, rendent toute progression très difficile, que les pertes qu’elle entraînerait seraient hors de proportion avec le résultat, qu’il n’y  aurait malgré tout, guère de chances d’atteindre, le Cdt du secteur d’attaque décide de suspendre ce mouvement en attendant la décision du Cdt de la Brigade.
    Les unités du Régiment demeurent donc, jusqu’à la décision à intervenir, sur leur positions.
16h00 – Le 167e reçoit l’ordre de garder défensivement le secteur de droite. Il place une compagnie dans chacun des sous-secteurs I, II, III, IV et conserve quatre compagnies en réserve.

Le 2e bataillon du 168e RI participa aussi à ces évènements. Son objectif etait d'enlever plusieurs tranchées importantes, formant un saillant à l'est et à l'ouest de la voie ferrée de Toul à Thiaucourt. Ici aussi, les mitrailleuses allemandes firent merveilles. Les pertes du bataillons sont importantes. La 6e Cie du capitaine Eyries, lancée en pointe, est prise sous le feu convergeant de l'ennemi. La compagnie sera citée à l'Ordre de l'Armée : le Caporal Morin recevra la Médaille Militaire. Parti avec un entrain admirable, il s'est porté seul à 30 mètres au delà de la tranchée conquise, puis arrêté par un feu violent devant un poste allemand, a répondu par des coups de fusil à l'invitation qui lui était faite de se rendre.

    Pierre Parra, soldat au 339e RI, nous présente une relation de ces instants tragiques :
    "Le 12 décembre, dans le secteur de Rémières, le 286e, soutenu par le 252e, attaque les tranchées allemandes. Nous sommes en réserve. L'attaque réussit. Mais quelques heures plus tard l'ennemi reprend les tranchées qu'il avait perdues et deux Compagnies du 286e sont presque entièrement faites prisonnières. Il faut tout recommencer le lendemain 13 décembre. Ce sera notre tour.
Heure H : huit heures. Nous prenons position à sept heures seulement, en plein jour déjà, une heure trop tard. Nous avons été aperçus et l'artillerie ennemie prévient notre attaque. Avant que nos canons aient ouvert le feu sur les tranchées ennemies, nous recevons un déluge d'obus. Fusants et percutants, par rafales passent sur nos têtes, pour éclater à une cinquantaine de mètres en arrière avec un bruit d'enfer. Des sections entières du 167e, de Nancy, qui se cachent sur notre droite, dans un petit bois de sapins, sont anéanties. Notre Cie n'a pas encore trop souffert : quelques blessés seulement. Nous sautons à la hâte dans nos tranchées où nous avons de l'eau jusqu'à mi-jambes, parfois jusqu'aux genoux. On n'y regarde pas de si près et on patauge résolument.
La 19e Cie doit se porter la première en avant et la 20e la renforcer dans les tranchées qu'elle aura occupées. Au commandement de : « En avant ! », des hommes de la 19e sortent et tombent après avoir fait quelques mètres seulement, car l'ennemi nous attend de pied ferme, les fusils braqués. Presque tous les coups portent. A notre droite, les « petits gars d'active » du 167e tombent sous les rafales de mitrailleuses comme les épis de blé sous la faux. Ceux qui ne sont pas atteints reviennent dans nos tranchées. L'attaque est impossible dans ces conditions.
Au cri de : « En avant ! » pour la 19e, le lieutenant Croguennec commandant notre section, croyant qu'il s'agissait de la 20e, sort du boyau et enjambe le parapet en faisant un grand signe de croix. Après quelques mètres il tombe en disant
«1ère section vous n'avez plus de lieutenant ! »
L'ami Rodde, de Pléaux, qui se trouvait derrière lui dans la tranchée se dresse par-dessus le parapet pour lui porter secours. Il tombe, tué raide d'une balle en plein front. Un autre soldat est frappé mortellement à ses côtés dans la tranchée.
Il faut cependant aller chercher le lieutenant qui a besoin de soins et que d'autres balles peuvent atteindre et achever. Aidé de son ordonnance, je creuse, avec les mains d'abord, puis avec une pelle qu'on me passe enfin, une ouverture dans le parapet. Je m'y glisse, et en me traînant sur le ventre et sur les genoux, je parviens jusqu'au lieutenant. Le saisissant sous les bras, je l'entraîne à reculons. Mes camarades me tirent par les pieds dès que j'arrive à leur portée et nous font suivre tous les deux, l'un traînant l'autre, dans la tranchée.
Nous emportons ensuite sur un brancard le Lieutenant au poste de secours : deux kilomètres en terrain à peu près découvert et à la vue de l'ennemi. Heureusement il ne tire pas sur nous et nous arrivons sans encombre. Une balle dans le côté droit, le poumon est atteint. Blessure guérissable, mais demandant des soins immédiats. Il devait en effet guérir par la suite. Je suis heureux à la pensée de lui avoir, peut-être, sauvé la vie.
Je le quitte pour retourner à la tranchée où nous restons encore à grelotter dans l'eau jusqu'à minuit, heure à laquelle nous sommes relevés.
J'ignore le chiffre des pertes de ces deux journées, mais il a dû être élevé. En effet, au début de février 1915, la bande de terrain d'une cinquantaine de mètres environ qui sépare les lignes est jonchée des cadavres des nôtres, depuis les attaques les 12 et 13 décembre 1914. A certains endroits les morts sont si nombreux qu'on ne distingue plus que le bleu des capotes. Une centaine au moins sont couchés là, dans les positions les plus diverses. Vision d'horreur que le temps aura du mal à effacer..."

    Dans la nuit du 14 au 15 Décembre, les bataillons du 167e est relevé par le 252e et regagne les cantonnements désignés de Ansauville, (E.M et 1er Btn), et Ménil la Tour, (2e Btn), où ils arrivent respectivement à 2h00 et 5h00.
    Jusqu'au 30 Décembre, les deux bataillons du 167e alternent repos et relèves, (252e, 339e), sur le front de la 128e Brigade.
Le 30 Décembre, le Régiment se porte sur Manoncourt, placé en réserve d'armée par ordre du Général Commandant le 31e C.A.


"Fronts allemand et français fin décembre 1914"