Novembre 1917
En ce début de mois de Novembre, le 167e quitte le secteur de Samogneux. Relevé par le 169e dans le Sous-Secteur du Tacul, l'Etat Major, la C.H.R., descendent à Verdun.
Le 2e Btn du 169e relève le 3e Btn du 167e qui rejoint Bras où il est placé en réserve de Division.
Le 2e Btn, en place à Bras depuis le 2 novembre, s'embarque en péniches à destination de Verdun où il cantonne au Quartier Saint-Victor. L'Etat Major cantonne à la Villa Eugène et la C.H.R. au Quartier Saint-Airy. Le Régiment y subit des pertes sensibles, dues au bombardement de la ville par des obus de 380.
Jusqu'au 16 Novembre, le Régiment se livre à des travaux de force. Les Bataillons fournissent quotidiennement une compagnie de 100 travailleurs afin d'exécuter des travaux en secteur, sous la direction du Génie Divisionnaire.
Le 16 novembre, le 167e remonte en ligne relever le 169e dans le sous-secteur du Tacul; les 2e et 3e bataillons en première ligne, le 1er en soutien. Les Bataillons du Régiment occupent successivement les tranchées de Moldavie, Dresde, Lisbonne, Magdebourg et le Quartier Avemont.
Une grande activité de patrouilles est développée par le Régiment. A titre d'exemple, le Commandant Le Brun, (2e Btn), envoie une patrouille dans la nuit du 19 au 20 Novembre,(composée d'un Aspirant, de 2 sous-officiers, 3 caporaux et 20 hommes), avec pour mission de reconnaître l'emplacement où des travailleurs ont été repérés et entendus la nuit précédente. La patrouille devra évaluer l'importance des travaux, et au besoin, en interrompre la poursuite. A 1h05, les hommes sortent des tranchées. [...] La patrouille, sortie du P.P., s'est dirigée sur le Nord, vers le saillant Ouest signalé de la tranchée des Huns, et s'est mise à l'écoute à 80 mètres au-delà de nos réseaux. L'ennemi envoyait de nombreuses fusées, mais aucun travail n'était exécuté au point indiqué. Les bruits de pas et de terrassements étaient au contraire, perceptibles vers le point 7158. La patrouille a obliqué à droite pour diriger sur ce point, où l'ennemi travaillait assez activement dans la tranchée, courvert par des sentinelles dans un réseau que nous avons pu apercevoir à la lueur des fusées. Le réseau est à au moins 30 mètres de la tranchée ennemie. Il est épais et ne parait pas avoir souffert de notre bombardement. La patrouille a du être vue ou entendue en raison du bruit que produit inévitablempent la marche dans la boue.
Des rafales de mitrailleuses ou de fusil mitrailleur se sont déclanchées, venant de la direction du point 7158. Se trouvant hors de portée de grenades, la patrouille a exécuté sur les travailleurs un tir d'obus V.B. qui a arrêté le travail. Le tir a été ensuite continué de la tranchée Tacul pour empêcher l'ennemi de reprendre son travail. [...]
A ce compte-rendu dressé par le Chef de patrouille, le Chef de Bataillon Le Brun ajoute ...Cette patrouille confirme les renseignements recueillis par les précédentes. L'ennemi travaille dans ses tranchées et il est extrèmement vigilant. Sa surveillance de nuit est facilitée d'ailleurs, par sa situation en contre-bas, et par le bruit que font les pas dans la glaise collante qui se trouve au Nord de la Tranchée Tacul, malgré toutes les précautions prises par les patrouilles pendant leur marche.
- Canevas Tranchée Tacul - Tranchée des Huns - ------------- - Croquis de situtation du Commandant Le Brun -
Le 22 Novembre, le 167e d'Infanterie est placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel Galbrünner, en remplacement du Lieutenant-Colonel Mariande.
Du 23 au 25 Novembre, s'organise la relève du 167e par le 2e Régiment de Tirailleurs, et le 168e d'Infanterie.
A l'exception des 1ere et 3e Cies, le 1er Btn est relevé dans le Sous-Secteur Tacul par un Bataillon du 2e Tirailleurs, et rejoint Montgrignon. Le 3e Btn est lui relevé dans le Quartier d'Avemont par le 2e Btn du 168e. Le 2e Btn rejoint Verdun au Quartier Saint-Victor.
Dans la nuit du 24 au 25 Novembre, les 1ere et 2e Cie sont relevées par des éléments du 2e Tirailleurs, puis rejoignent à leur tour Montgrignon.
Plan d'Aménagement et dispositif préparatoire à l'Attaque - Plan d'Organisation et d'Occupation du terrain conquis le jour "J"
Le 25 Novembre, le 167e est placé en réserve du 7e Corps d'Armée. Il reçoit l'ordre d'alerte à partir de Midi pour le coup de main qui doit être exécuter dans la journée. Une attaque prescrite par le Plan d'Engagement du 13 Novembre 1917. Le but de l'opération consiste à s'emparer des tranchées de Trèves, des Huns, d'Attila et à s'y organiser de façon définitive. en outre, les abris du ravin du Bois des Caures et du Ravin d'Anglemont devront être nettoyés et détruits.
La mission de la 128e Division sera de couvrir à gauche, l'attaque de la 37e D.I., face à la Cote des Roches et au ravin d'Haumont; de porter la parallèle principale sur la ligne : Tranchée d'Attila - points 60.61 - 56.61 - 56.60 et 54.60; de porter la parallèle de surveillance de façon à avoir des vues sur le fond du Ravin des Caures; de nettoyer et détruire, dans la mesure du possible, les abris du Camp de la Landwehr et les abris 61.64 - 60.64 - 60.63 - 58.63 - 57.63 et 56.68.
La 128e D.I. sera couverte à gauche par l'intervention de l'artillerie et des mitrailleuses de la 48e D.I.
Des Régiments de la 128e d'Infanterie, seul le 168e, avec l'appui des mitrailleuses du 169e, participera activement à l'action prévue. Sous les ordres du Lieutenant-Colonel Chépy, le 168e attaquera avec deux Bataillons accolés en Première linge, et deux Companies en réserve.
Afin de permettre la préparation de l'artillerie sur la Tranchée d'Attila, la Tranchée Baja sera évacuée en temps voulu. La base de départ sera constituée par les tranchées du Frene et de Tacul, par les organisations défensives existant au Sud de ces dernières, et par les places d'armes à créer, (le 167e va s'y employer activement).
Le Plan d'Engagement prescrit que l'attaque s'exécutera en un seul bon à la vitesse de 100 mètres en 3 minutes, en collant le plus possible au barrage d'artillerie. Aussitôt après le départ des trois vagues d'assaut, la Compagnie de soutien du Bataillon de gauche, sera portée dans les Tranchées de Baja et du Frene. Les deux sections restantes de la Compagnie de soutien du Bataillon de droite, viendront dans les Tranchées de Baja et de Tacul.
Lorsque des fractions en cours de marche seront arrêtées par des résistances de front, celle qui se trouvent à droite et à gauche, devront continuer sans ralentissement ni arrêt leur progression derrière le barrage. Ceci, en détachant des éléments désignés au préalable pour cette éventualité, qui prendront de flanc et de dos ces îlots de résistance. En aucun cas les fractions qui ne se heurtent pas à une résistance de front, ne devront se laisser distancer par le barrage. Le Général Segonne insiste tout particulièrement sur ce point, estimant que la réussite de l'opération dépend de la stricte observation de cette prescription.
Deux Compagnies de mitrailleuses du 169e, placées sur la Croupe Ouest du Ravin d'Avemont, appuieront de leurs feux l'attaque, en battant par des tirs directs ou indirects, les boyaux, chemins d'accès et ravins de la rive Nord du ravin du Bois des Caures, de façon à empêcher l'ennemi d'amener des renforts et de monter ses contre-attaques.
Se placeront en réserve, à la disposition du Général Commandant la Division, les 169e, (1 Btn entre la tranchée de Chilly et la ligne des réduits. 1 Btn à Neuville-les-Cotelettes. 1 Btn réparti entre les tranchées de départ, le Talou, et une Cie de mitrailleuses à la Croupe Ouest du ravin d'Avemont), et 167e, (1 Btn à Bras et deux autres à Verdun).
Enfin, un avion dit d'infanterie et de commandement, survolera le secteur du début de l'attaque à la nuit, afin de surveiller le champ de bataille et signaler les contre-attaques en préparation. Avion de renseignement qui fit cruellement défaut à nos troupes lors de l'attaque du Plateau des Caurrières au mois de Septembre dernier.
Le 25 novembre, les Français se lancent donc à l'assaut des positions allemandes. Le 3e bataillon du 168e se voit assigné pour objectif le système dit du "Chapeau de Gendarme". A elle seule, la 10 Cie capture plus de 200 prisonniers. Une section du 1er bataillon, commandée par le sous-lieutenant Putz coopère à l'action de façon exemplaire. Il recevra pour ce fait la Croix de la légion d'Honneur.
Le 2e bataillon du 168e, à droite, atteint puis dépasse rapidement ses objectifs. L'affaire se corse lorsque le bataillon se voit contre-attaqué à revers. En effet, le nettoyage des positions nouvellement conquises a été négligé et d'importants groupes ennemis surgissent d'abris souterrains. La surprise est de taille mais le bataillon tient bon, et la 7e Cie parvient à rétablir la situation.
En fin de journée, la situation est stabilisée et les objectifs sont atteints. 8 officiers et 350 prisonniers ont été capturés.
Le 26 novembre, le 168e est relevé et part au repos. Quelques temps plus tard, le Général Hirschauer cite le régiment à l'ordre de l'armée :
A l'ordre de la IIe Armée (n° 1.031)
"Vigoureux Régiment, qui s'est signalé par sa ténacité et par sa vaillance au début de la campagne, dans les afaires du Bois-le-Prêtre et du Bois de la Gruerie, et, plus récemment au Bois-le-Chaume, à la conquête duquel il a largement contribué. Ayant reçu mission d'enlever, le 25 novembre 1917, deux lignes allemandes, puissamment organisées, et fortement occupées, s'est, dans un élant irrésistible porté à l'attaque, en dépit d'une violente tempête et d'un terrain particulièrement détrempé. Il a atteint tous ses objectifs et nettoyé une importante ligne d'abris très profonds, faisant, dans la journée, 350 prisonniers, dont 8 officiers et s'emparant d'un important matériel.
Le 25 Décembre 1917.
Signé : HIRSCHAUER