Documents attaque du 8 Septembre 1917



"Artillerie dédiée à l'attaque"



Plan des Liaisons


"Feuillet 1"


"Feuillet 2"


"Feuillet 3"


"Feuillet 4"


"Feuillet 5"


"Feuillet 6"


"Feuillet 7"




Plan de Ravitaillement


"Feuillet 1"


"Feuillet 2"


"Feuillet 3"


"Feuillet 4"




















Général Georges Riberpray
Commandant la 128e Division d'Infanterie

Tué le 11 Septembre 1917


Ramade André
168e d'Infanterie
Tué le 8 Septembre 1917


Aspirant Carnoy Raoul
168e d'Infanterie
Tué le 8 Septembre 1917


Caporal Genet Charles
168e d'Infanterie
Tué le 8 Septembre 1917

Septembre 1917

Le mois de septembre 1917 voit la 128e DI monter en ligne à Verdun pour la 3e fois.
Depuis l'attaque du 15 décembre 1916, le secteur était relativement calme et les Allemands semblaient avoir définitivement accepté leur échec en ce point du front. Pourtant, en Juin, ceux reprennent les hostilités à partir de positions avantageuses encore en leur pouvoir. Attaques et contre-attaques s'enchaînent, alternant succès et échecs. Le Commandement Français décide de mettre fin aux agissements ennemis. Une offensive de grande envergure est mise au point; avec pour objectifs de conforter les positions françaises au nord de Verdun et de part et d'autre des rives de la Meuse.
  L'attaque, couronnée de succès, débute le 20 Août et se prolongera sporadiquement jusqu'en novembre 1917.
  La 128e DI participera à l'entreprise dans le secteur du Bois le Chaume-Bezonvaux, au plateau des Caurières.

La situation
  Ainsi, le 20 août, une attaque générale a eu lieu sur la rive droite de la Meuse. L'affaire a pleinement réussi. Une large bande de terrain a été conquise, de nombreux prisonniers ont été ramenés. Il s'agit cette fois pour la 128e DI, de parfaire la tâche, et de chasser les Allemands des positions qu'ils occupent encore sur le plateau des Caurières.
  Ce plateau s'abaisse, par une pente abrupte, sur le fond des Rousses (Brule-schlucht), ravin orienté Est-ouest et qui n'était franchissable qu'en deux points : Bezonvaux, à son débouché sur la Woëvre, une chaussée en fascines, à hauteur du poste de commandement d'Hassoule.
Depuis le 15-16 décembre 1916, la ligne française au nord-est de Verdun formait, en face d'Ornes et la forêt de Spincourt, un saillant défavorable, accroché péniblement à la crête sud du plateau que les Allemands occupaient.
  Les Français se cramponnaient à cette pente, avec à dos ce ravin infranchissable et constamment bombardé, sans aucune vue sur les positions ennemies; leurs communications avec l'arrière étaient sans cesse interrompues, leur ravitaillement précaire.
Les Allemands profitaient régulièrement de cette situation pour faire irruption dans nos lignes par le débouché du ravin au nord de Bezonvaux, réalisant de fructeux coups de main.

L'attaque qui se profilait avait pour but de remédier à cet état de fait et d'améliorer nos positions.
La Division, échelonnée entre la Woëvre et le bois Le Chaume, va partir des tranchées accrochées aux pentes qui dominent le ravin de Bezonvaux; L'attaque, orientée du Sud au Nord, aura comme direction générale, le village d'Ornes. A la droite du dispositif, la 128e devra glisser le long de la Woëvre, exposée au feu d'inombrables batteries, dont l'ennemi dispose dans le secteur.
Le 167e RI prendra place à l'extrême-droite du dispositif divisionnaire. Partant d'une base Est-Ouest de 800 mètres de longueur, il devra pivoter sur sa droite et se déployer face au Nord-Est sur un front de 1500 mètres pour couvrir, à droite, le 168e qui attaquera droit devant lui. Ce mouvement demande une troupe hardie et manoeuvrière, qualités que le Régiment posséde et qu'il a parfaites pendant son précédent repos. Il exige surtout une préparation d'artillerie puissante destinée à ne laisser devant le Régiment que des ennemis "catastrophés", selon l'expression employée par le général Passaga lors de la manoeuvre préparatoire du 3 septembre, et ne soit pas obligé de manoeuvrer en pleine mêlée. Nous verrons que cela n'a pas été le cas.
L'attaque est fixée au 8 septembre 1917.

  Le 1er Septembre un "plan d'attaque" est rédigé au Q.G. de la IIe Armée, et envoyé aux Divisions du 32e C.A.
  La mission du 32e C.A. est d'enlever le Plateau des Caurrières et de s'établir sur la ligne jalonnée par les tranchées de Mésopotamie, du Delta, de Lohengrin, de Trotta, du Cameroun et d'Athènes jusqu'au point 4647; puis de ce point, passant par 4741-5037 et rejoignant la tranchée du Verger en 4936. Cette attaque sera donc menée par nos trois Régiments de la "Division des Loups", placée à droite du dispositif, et par l'Infanterie Divisionnaire 69, à gauche.


"Ligne des objectifs à atteindre par la 128e Division d'Infanterie le 8 Septembre 1917"


  Tout en conservant le Commandement de la totalité du secteur actuel, le Général Monroe, commandant la 69e D.I., sera chargé de la préparation et de l'exécution de l'attaque.
  La 128e Division d'Infanterie se placera dans l'ordre, et de droite à gauche : 167e - 168e -169e. La limite des zones d'action entre le 167e et le 168e passera par sensiblement par le point de rencontre du boyau Ebener et la tranchée des Arvernes, par les points 4343 sur la tranchée du Ravin des Lièvres, et 4532 à la lisière Ouest du village d'Ornes. La frontière des zones d'action des 168e et 169e passera, elle, passera elle par le point de rencontre de la tranchée Ferrucci avec le boyau venant de 3738, à l'Ouest et près du boyau 3746 et par l'abri 3850.

  Pour soustraire les troupes d'attaque aux tirs de barrage ennemis, qui peuvent rendre infranchissable le Ravin du Fond des Rousses, les Bataillons de 1ere ligne serreront à bloc, le plus en avant possible, dans la nuit précédent l'attaque, afin de permettre le placement des bataillon de 2e ligne sur les pentes du versant Nord de ce ravin. La mission des Bataillons de 2e ligne est d'appuyer l'action des untités d'assaut, et de tenir fortement les premières lignes ennemies enlevées, ne laissant dans les tranchées de départ que de faibles éléments, (principalement des fractions d'unités groupant des mitrailleuses aux points favorables).
  Dès que les Bataillons de 1ere ligne auront atteint leurs objectifs, leurs unités seront remises en ordre et entreprendront l'organisation du terrain conquis.
Dès que l'attaque aura suffisamment progressé, les Compagnies du Génie seront employées à la construction des boyaux de communication reliant les premières lignes allemandes au premières lignes françaises.
  Le dispositif d'attaque sera pris en trois nuits consécutives du 5 au 8 Septembre. La pemière nuit, les 3 Bataillons de droite de 1ere ligne (2 Bataillons du 167e, 1 Bataillon du 168e), seront répartis sur l'ensemble de la base de départ.
  Dans la deuxième nuit, ces Bataillons se ressereront vers l'Est de manière à s'installer sur leurs emplacements définitifs. Les 3 Bataillons de gauche, (1 Bataillon du 168e et 2 Bataillons du 169e), s'installeront dans leurs zones respectives, sur la base de départ.
Dans la 3e nuit, après que les 6 Bataillons de 1ere ligne se seront serrés à bloc, le plus en avant possible, dans leur dispositif d'attaque, les 3 Bataillons de 2e ligne viendront se placer derrière eux.

Nuit du 5 au 6 Septembre - L'Etat-Major, la C.H.R., les 2e et 3e Btn montent en secteur dans la zône Bezonveaux, relèvent un Btn du 142e RI et occupent les emplacements suivants :

  • Lt-Colonel : P.C. Hassoule.
  • 2e Btn : P.C. la Fere
  • 3e Btn : P.C. Lassigny.


La relève est prise sous un violent tir de barrage ennemi. Quelques tués et blessés.

  6 Septembre - Le 1er Btn est enlevé en camion auto pour Verdun. Il stationne après débarquement à la caserne Marceau.
Durant toute la journée le bombardement par l'artillerie ennemie est d'une extrème violence sur les lignes et principalement aux alentours du P.C. Hassoule et dans le Ravin des Rousses.

  7 Septembre - Bombardement toujours très violent par obus de tous calibres et obus lacrymogènes.
Vers 1h30, sur le front de la Tranchée Sommeiller occupée par la 7e Cie, l'ennemi à prononcé une attaque. Les sentinelles constituant le petit poste avancé dans le boyau se sont défendues vigoureusement. Une a été tuée, une autre a pu se dégager. 4 dont le caporal, ont disparu. Les Allemands apparaissant dans l'obscurité à quelques mètres ont crié "Halte là". Au cours de cette lutte le chef de section, le sous-Lieutenant Roux a été blessé, ainsi que l'Aspirant Bouffie, et 4 hommes.
L'artillerie ennemie exécutant en même temps un tir dans lequel marchaient les assaillants. Ce tir n'excédait pas la cadence habituelle de celui exécuté dans la journée.


"Le Général Riberpray, au milieu de ses troupes, la veille de l'assaut".
"Il trouve la mort le 11 Septembre 1917"

 

L'attaque du 8 Septembre sur le front du 167e d'Infanterie.


  Les 2e et 3e Btn, désignés pour mener l'attaque en 1ere ligne, montent dans le secteur d'attaque dans la nuit du 5 au 6 Septembre. Sous le commandement du Lieutenant-Colonel Mariande, ils s'installent dans les sous-secteurs qui leur sont assignés, face à leurs futurs objectifs.
   Le secteur ne possédant que des tranchées et boyaux en partie nivellés avec des précaires abris pour les Chefs de Bataillon et quelques commandants de Cie.
   Quand aux hommes il s se creusent des niches.
  Le secteur occupé fut constamment soumis à de très violents tirs de bombardement exécutés par des pièces de tous calibres, y compris des minenwerfer. Les coups venaient en direction Nord-Ouest, Nord, Nord-Est, Est et même Sud-Est de la Woevre.
  Le secteur fut constamment soumis à de très violents bombardements d'obus de tous calibres, occasionnant de nombreuses pertes parmis nos troupes. Ce qui place le Régiment dans une situation critique, avant même le début de l'attaque : 160 pertes sont à déplorer. Le 3e Btn voit ses trois commandants tués ou blessés. Le Capitaine Hennegrave, Commandant la 10e Cie, est pris sous l'éboulement d'un abri dans lequel le Commandant de la 9e Cie est tué. Quoique fortement contusionné, il parvient à se dégager et à reprendre sa place à la tête de sa Compagnie.
  Malgré ces pertes importantes, le moral des hommes semble rester excellent. Chacun conserve sa place, attendant le moment de venger les disparus. Le Lieutenant-Colonel, en parcourant la tranchée et en causant aux hommes, constate que la force morale qui anime ses hommes avant la montée en secteur est intacte.
  Enfin, dans la nuit qui précède le jour "J", le Lieutenant-Colonel vérifie avec les Chefs de Bataillons et les Commandants de Compagnies, la base de départ sur laquelle doit s'établir le Régiment et fait à chacun ses recommandations.
   Dans la nuit, à 2h30, les 2e et 3e Btns sont installés à découvert sur la base de départ. Les pertes y furent moins sensibles que prévu, l'artiilerie allemande ayant diminué d'intensité.
  Le 1er Btn, parti dans la soirée du 7 Septembre de Verdun, arrive sur le terrain après une marche des plus pénibles, effectuée dans des boyaux démolis ou obstrués, sous le bombardement violent de l'artillerie ennemie qui lui cause des pertes. Néammoins, le Bataillon arrive à temps pour rejoindre les emplacements qui lui sont assignés.

  5h10 - Les sifflets retentissent. Les vagues d'assaut se lancent vers les positions allemandes. Les Allemands sont surpris par l'assaut français. La Tranchée de Bagdad, formant la première ligne ennemie, est vivement enlevée. Les Allemands n'envoient les fusées d'alerte qu'au moment où nos troupes, ayant dépassé la Tranchée de Bagdad, abordent la Tranchée Bochemar en 2e ligne.
  A ce moment, le barrage allemand s'éveille, se déchaînant sur les tranchées de la 1ere ligne française, la Tranchée Sabathé et le Ravin du Fond des Rousses. Une action d'artillerie sans effet sur les formations d'assaut qui, toutes entieres, se trouvent déjà dans les lignes allemandes. Plus grave est l'apparition à ce moment de nombreux avions teutons dans le ciel du 167e. Par groupe de trois ou quatre, ils suivent la progression de nos troupes, signalant leur position au moyen de fusées, les mitraillant d'autant plus aisément qu'aucun appareil français ne vient disputer la maitrise des airs aux aéroplanes allemands. Les tirs de Fusils-Mitrailleurs provenant de nos lignes n'y font rien.
  Néammoins, la marche de nos troupes d'assaut se poursuit. Presque tous les objectifs sont atteints à droite de la formation. La situtation est moins heureuse à la gauche du dispositif régimentaire. La 5e Cie est arrêtée à hauteur de la Tranchée du Ravin des Lièvres, dont elle franchit le réseau de fil de fer, non détruit par l'artillerie, mais au-delà duquel elle est arrêtée par des feux de mitrailleuses partant du point 4425, qui lui occasionnent de sévères pertes. La 7e Cie du Lieutenant Clève, également génée par des réseaux de fil de fer qui existaient encore entre la tranchée Bochemar et la Tranchée du Ravin de Lièvres, ainsi que par une très forte résistance allemande dans le quadrilatère 4140-4541-4741 et au Sud de ce point, obliqua vers sa droite et atteignit malgré tout ses ojectifs sur la tranchée d'Athènes. "A gauche, la 6e Cie se heurte, devant la tranchée des lièvres, à des réseaux intacts. Enlevée par son chef, le lieutenant Dufour, elle les franchit en les cisaillant, mais au-delà, elle subit des pertes du fait des défenseurs de cette tranchée, et de mitrailleuses qui, de gauche, prennent d'enfilade les fractions assaillantes. Elle est arrêtée".

   A ce moment de l'offensive, un brouillard épais s'est levé, qui se dissipera par intervalles. Au cours d'une de ces éclaircies, les assaillants apercoivent d'importantes fractions ennemies en formation denses, qui ne tardent pas à s'élancer dans de furieuses contre-attaques. Les Allemands débouchent du point 4647, puis de la Tranchée de Théssalie vers le point 4741, et par la Tranchée du Ravin des Lièvres. Ces troupes surgissent d'importantes casernes souterraines, laissées intactes par notre bombardement. La progression française révèle ainsi, une fois les premières lignes conquises, la présence de forts points de résistance, de réseaux de fil de fer intacts le long de la Tranchée des Lièvres. Ces contre-attaques bousculent la ligne qu'elles font refluer en même temps qu'elles encerclent la 7e Cie qui continuait de se cramponner à ses objectifs, et qui disparaîtra dans la journée. Encerclée, dès avant l'attaque, réduite à 2 Officiers et 70 Soldats, la 7e Cie sera anéantie sans avoir pu être secourue par la 3e Cie, qui suivait la progression depuis la Tranchée Bochemar, et ne parviendra pas à dépasser la Tranchée des Lièvres, (Le Capitaine Decoux et le Lieutenant Biolley sont tués).
  La 10e Cie, dont la section du Lieutenant Moriss, s'est portée jusqu'à la Tranchée du Ravin des Lièvres avec le Capitaine Hennegrave, manoeuvre dans le brouillard et la fumée très intense, ne voyant pas ses objectifs et se dirigeant à la boussole. Cette Compagnie se heurte à des centres de résistance qui occupent la Tranchée du Ravin des Lièvres. Elle lutte très énergiquement mais subit de grosses pertes. Deux Chefs de sections tombent au combat. Ne pouvant tenir devant la résistance qui lui est opposée, et de plus, soumis sur la droite à l'action de contre-attaques, le Capitaine Hennegrave se porte en arrière sur la Tranchée Bochemar, alors occupée par la 3e Cie, et où se trouvent réunis des éléments du 3e Bataillon dont le Chef, le Commandant Rivière est tombé blessé par balle et éclats d'obus.

  A Midi, la situtation a peu évoluée et n'est guère brillante. De nombreux groupes ennemis harcellent la ligne dans la Tranchée Bochemar, où la résistance s'organise sous l'impulsion du Capitaine Hennegrave. Le Commandant Le Brun, du 2e Bataillon, est blessé alors qu'il constituait un dépôt de munitions prises aux Allemands.
   Malgré des succès certains, l'attaque s'enlise. Les contre-attaques se multiplient. Les liaisions sont coupées. Les appels par T.S.F. et T.P.S. restent sans réponse. Le soutient aérien est inexistant et les avions allemands, parcourant les lignes à faible hauteur, n'ont de cesse de mitrailler nos troupes.
  Il n'y a pratiquement plus d'Officiers aux commandes, presque plus de gradés. Notre attaque est disloquée et les hommes sont exténués. Le 3e Bataillon ne compte plus que deux officiers valides : le Capitaine-Adjudant-Major Spacensky, qui sera blessé et pris dans la soirée, au cours d'un corps à corps, et le Lieutenant Buissé, qui sera tué aux côtés de celui-ci, au même moment.

   A 17h30, une septième contre-attaque allemande se dessine, conduite par des avions et des troupes débouchant à la fois de la Tranchée du Ravin des Lièvres, de la Chartonne et de Willissen. Bousculés, dispersés, les restes des défenseurs de la tranchée Bochemar, (Est), qui ont épuisé leurs munitions et celles prises aux Allemands, se jettent en désordre sur les pentes au Nord de Bezonvaux.
  Dans le même temps, les défenseurs occupant la partie Ouest de la Tranchée Bochemar, (fractions des 2e et 1er Btns), sont eux aussi dans l'obligation de se porter en arrière, sous la poussée de contre-attaques venant du Nord et du Nord-Ouest. Ils rejoignent la Tranchée Vercingétorix où une résistance à outrance est organisée. Deux sections de le 2e Cie, tenues en réserve, et le peloton de Sapeurs-Pionniers et Sapeurs-Bombardiers du sous-Lieutenant Marpillat, est envoyé rapidement dans cette tranchée face aux points 4737 et 4837, pour tenir coûte que coûte l'ancienne première ligne qui ne doit être abandonné à aucun prix. Des éléments, ravaitaillés en munitions et grenades par le 10e Génie, sont ramenés de Bezonvaux et dirigés sur la Tranchée Vercingétorix.

  L'heure est critique. D'assaillants, nos troupes se trouvent en position d'assaillis, et menacés sur leur propre ligne. Par suite du mélange des unités, il est extrèmement diificile de faire autre chose que de tenir sur place et d'y organiser une farouche résistance.
  Dans la soirée, les survivants, harassés, de nos unités mélangées, sont constituée en trois groupes. Celui de droite sous le commandement du Capitaine Hennegrave, fractions se trouvant vers la Tranchée du Verger), celui du centre sous les ordres du Chef de Bataillon Antoine (commandant le 1er Btn). Le Chef de Bataillon Le Brun, (2e Btn), se met à la tête du groupe de gauche, en liaison avec le 168e d'Infanterie. Dans la nuit, arrivent des renforts du 142e, en même temps que des approvisionnements en grenades munitions et artifices.



L'attaque du 8 Septembre sur le front du 168e d'Infanterie.

0h30 - L'heure officielle est à nouveau envoyée de l'I.D. et aussitôt communiquée par un officier aux Chefs de Btn. C'est le réglage des montres.
1h30 - Les premiers éléments du 3e Btn apparaissent. Leur trajet s'est fait sans incidents.
3h00 - Tout le Régiment a pris son dispositif de départ sur le terre-plein et suivant la ligne jalonnée la veille.
4h30 - L'ennemi déclenche un tir de barrage. La lutte d'artillerie est violente et le feu ennemi fait subir des pertes aux éléments de droite. Celles de la 3e Cie sont assez sérieuses. Le Sous-Lieutenant Arrigade est blessé.
5h10 - C'est l'heure "H".
   Le barrage roulant de notre artillerie est déclanché et tout le dispositif d'assaut fait bloc Le mouvement s'exécute dans de bonnes conditions et le barrage ennemi tombe en arrière de nos vagues.

  Jusque 6h00, le Lieutenant-Colonel ne reçoit aucun renseignement précis.
  Un coureur est venu annoncer que la 3e Cie a eu beaucoup de difficultés a exécuter son mouvement en raison de ses pertes. Une section a perdu tous ses Chefs et ne conserve plus qu'un caporal. Le Commandant de la Cie a été blessés dès l'arrivée aux premières lignes ennemies.
  La liaison est d'autant plus difficile avec les 1eres lignes à cause des tirs de barrage et des mitrailleuses qui balayent les parapets de la Tranchée des Zouaves.

  7h15 - Un compte-rendu du Commandant Philippe annonce que la Cie Chaumeront est dans la tranchée des 4 Chemins et que celui-ci a reçu l'ordre de tenir la ligne Arménie-Ninive.



   7h35 - Un compte-rendu du Commandant Massie annonce qu'il tient la tranchée du Turkestan avec la 2e Cie, la 3e Cie et des éléments du 3e Btn; mais que son mouvement est géné par une mitrailleuse située à 50m au Nord de 4241.

  7h40 - Compte-rendu du Commandant Burthey et de Capitaine Pineau, annonçant l'occupation de la tranchée des Renards et d'un point situé à 50m au Nord du Carrefour 3876. La liaison à gauche et à droite de la 7e Cie n'a pu encore être organisée. La progression est arrêtée par une garnison ennemie tenant Vaux-Krey-graben entre 3846 et 4146.



   8h40 - Un compte-rendu du Commandant Burthey annonce qu'après avoir été jusqu'à la tranchée des 4 Chemins, il a du se replier dans la tranchée d'Arménie avec la Cie de soutien devant une contre-attaque ennemie. La liaison est rompue avec les éléments des 5e et 7e Cies qui avaient pénétré dans la tranchées des Renards. A sa gauche, le Sous-Lieutenant Ulmann tient encore un élément de la tranchée des 4 Chemins. Les pertes sont élevées. La plupart des officiers des Cies de 1ere ligne (6e et 7e), sont tombés. Le Capitaine (?) est tué. Une cinquantaine de prisonniers a été capturés.

   8h30 - Un nouveau compte rendu du Commandant Burthey, annonce qu'il tient la tranchée des 4 Chemins, et que lui-même se trouve à 100 mètres à l'Est de 3844.
  Pendant ce temps, 41 prisonniers sont passés par le P.C. des 2 Bois dont 1 officier et 5 hommes d'un détachement de télégraphistes. Un certain nombre d'autres prisonniers, (une quinzaine), a pris la direction du Boyau d'Hassoule.
  Les derniers comptes rendus reçus des Btns demandent des munitions. Surtout des grenades et des V.B. Ils signalent tous de grandes pertes et le 1er Btn demande du renfort.
  La 9e est déjà entre le 1er et le 2e Btn. La 11e Cie est immédiatement derrière le 1er Btn.

  11h00 - Le Front tenu par le Régiment est jalonné par la Tranchée d'Arménie et la Tranchée du Turkestan. La liaison avec le 167e qui a dû refluer, n'est plus assurée et les Allemands apparaissent nombreux dans la Tranchée Bochemar.
  Les munitions font défaut de plus en plus. Les hommes se servent des grenades allemandes trouvées sur les positions conquises, et comme les cartouche pour fusils manquent, ils utilisent aussi les fusils et les munitions ennemies. Il n'y a presque plus de cartouches pour les mitrailleuses et fusils mitrailleurs.
  Un compte rendu du Commandant Burthey arrive au P.C. des 2 Bois. La liaison est établie entre le Sous-Lieutenant Ullmann, commandant la 7e Cie, avec le Btn de 2e ligne du 169e, au point 3644. Deux sections de la Cie Loraud (6e Cie), dans la tranchée d'Arménie sont en liaison avec la Cie Chaumeront. La 7e Cie est arrivée dans la Tranchée des Renards vers 3846. Le Capitaine Pineau s'est défendu pour garder le terrain contre une attaque ennemie. Il se trouvait chez les Allemands aux 4 Chemins et a été tué; celui-ci sera ramené dans nos lignes le lendemain par le soldat Drouelle de la 7e Cie, lors de la reprise des combats.

  11h30 - Le Commandant Burthey demande des munitions et du matériel.
  Le Capitaine Massie annonce que la situation est grave et fait savoir que tous ses éléments sont dans la tranchée du Turkestan.

  11h45 - Compte-rendu du Commandant Burthey au Lt-colonel, faisant craindre une contre-attaque et demandant de régler un barrage d'artillerie entre la Tranchée des Renards et la Tranchée des 4 Chemins.
  Les éléments des Btns ne sont pas à plus de 50 mètres au Nord de la tranchée d'Arménie.
   Au prix de grosses difficultés, le Peloton de sapeurs-pionniers et sapeurs-bombardiers du Régiment, avec les sapeurs de la Cie 26/5 du Génie Divisionnaire se rendent au dépôt d'Hassoule, et de l'Hermitage, et portent en ligne les munitions qu'ils y ont trouvées. Mais ces dépôts sont vite épuisés.
   La situtation est critique et le Lieutenant-Colonel en compte par Pigeons Voyageurs.

   13h30 - Compte-rendu du Commandant burthey disant qu'il n'y a plus que 130 hommes et 7 officiers dans sont Btn et que des mouvements importants d'Infanterie ennemie ont lieu vers Ormes.

  15h30 - Le Capitaine Massie rend compte que la tranchée Bochemar regorge d'ennemis et que les Minenwerfer de la tranchée du Ravin des Lièves, commencent à tirer sur la tranchée du Turkestan, causant des pertes sensibles, et que ses effectifs ne sont plus que de 113 hommes.
Il est inquiet pour sa droite, le 167e s'étant replié à la Tranchée de Bagdad.
   La situation reste stationnaire jusqu'au soir avec lutte à la grenade et à coups de fusils, surtout devant la tranchée du Turkestan.

   19h45 - Les Allemands prononcent une contre-attaque et font irruption dans la tranchée d'Arménie, mais grâce à l'attitude énergique des défenseurs de la 6e Cie, et la belle présence d'esprit du Sous-Lieutenant Aubert, de la 9e Cie, qui s'élança à la tête de sa section, les agresseurs sont rejetés et la situation rétablie.

   En résumé, en fin de journée, il était permis de juger de l'ensemble de l'opération de la façon suivante :

- Le 1er Btn (Capitaine Massie), éprouvé dès le départ, avait dépassé la tranchée Bochemar, en courtournant le centre de résistance, situé à 50 m au Nord de 4142 dans lequel se trouvait une mitrailleuse.
Il n'avait pu aborder la tranchée du Ravin des Lièvres et n'ayant personne à sa droite, contre-attaqué, il avait du rentrer dans la tranchée du Turkestan où il s'était accroché au terrain avec opiniâtreté.
- Le 2e Btn (Commandant Burthey), avait atteint la tranchée des Renards, mais contre-attaqué lui aussi, il avait dû se replier dans la tranchée d'Arménie.
Les différents éléments du 3e Btn étaient employés dans les deux autres.
La 9e Cie avec le 2e Btn, la 11e Cie avec le 1er Btn. 1 Peloton de la 10e Cie, très éprouvé avec le 1er Btn, l'autre peloton (Sous-Lieutenant Brière), disponible dans la tranchée des Zouaves.
Quant aux Régiments voisins, le 167e à droite, avait été rejeté après sa progression dans l'ancienne première ligne française, et le 169e à gauche, avait atteint la tranchée Trotta, mais en raison de la situation du 168e, il reçut l'ordre de refouler son aile droite dans la tranchée des Renards.



"Front atteint par le 168e d'Infanterie, le 8 Septembre 1917"

  Pour l'heure, je ne dispose que de peu de renseignements concernant le déroulement des évènements sur le front dévolu au 169e d'Infanterie. C'est pourtant dans son secteur que l'attaque a obtenu ses plus grands succès. Les trois premières lignes allemandes sont enlevées, la Tranchée Trotta est donc atteinte, et le régiment progresse de 1Km dans les positions allemandes. Seul en pointe, les 167e et 168e d'Infanterie n'ayant pas réussi a déborder l'ennemi, le 169e conservera ses positions huit jours durant; et obtiendra sa première citation à l'ordre de l'armée.

  Cette action, qui coûte très cher au 167e, a permis de faire ressortir son entrain, son courage, sa ténacité et son ardeur de vaincre. Résolution qui ne durent céder que devant les pertes, le manque de munitions et les vigoureuses et nombreuses contre-attaques auxquelles le Régiments fut soumis toute la journée. Il eut cependant la satisfaction de faire au total environ 200 prisonniers. De son côté, le 168e a capturé une bonne centaine de prisonniers. Ceux-ci sont identifiés comme appartenant au Badisches Grenadier-Regiment Kaiser Wilhelm I. Nr. 110 de la 55. Infanterie-Brigade, 28. Division, et du Lothringisches Infanterie-Regiment Nr.130.
Les débris du 167e tiendront encore la position dans la journée du 9 Septembre. Dans la nuit du 10 au 11 septembre, ils sont relevés par le 142e RI et ramenés en deuxième ligne au quartier Chauny, où, reconstitués en un bataillon de marche sous le commandement du chef de bataillon Le Brun, ils forment une réserve de division.

Le 168e RI sera cité A l'ordre du 32e Corps d'Armée (N° 649-A) :

"Sous le commandement de son chef, le lieutenant-colonel Chépy, a abordé le 8 septembre, une position fortement organisée et enlevé plusieurs lignes de tranchées, malgré une défense opiniâtre de l'ennemi; S'est emparé, le lendemain, par une action vigoureusement conduite, d'une tranchée importante restée aux mains des Allemands. A repoussé, les jours suivants, de violentes attaques et maintenu l'occupation du terrain conquis."
Le 23 septembre 1917
signé : PASSAGA


"Objectifs des 168e et 169e d'Infanterie pour la journée du 9 Septembre 1917"

Les 168e et 168e d'Infanterie restent en ligne.
   En raison de l'importance de la possession de la tranchée des Renards et des 4 Chemins par nos troupes, le colonel Girard, commandant l'I.D., donne l'ordre de reprendre la tranchée des 4 Chemins et la tranchée des Renards jusqu'en 3846. Cette opération devait être menée par le 169e et la Cie d'Elite, de concert avec le 168e.
  En vue de cette opération et pour permettre le mouvement offensif du Btn Burthey, le Btn du 162e vient constituer la garnison de nos anciennes positions. Il arrive dans la nuit du 8 au 9 Septembre.   Après entente avec le Lt Colonel Jacob, commandant le 169e, le Lt Colonel Chépy donne l'ordre au Cdt Burthey de s'emparer de ces objectifs. L'opération est fixée au 9 Septembre.
   A 5h15, selon les ordres donnés, la section de l'Aspirant Lejeune, de la 5e Cie, (isolée du Btn Burthey mais en liaison le Btn Troublé du 169e), la compagnie d'élite et la 9e Cie, se lancent à l'attaque des objectifs assignés.
  L'action est menée vigoureusement, et à 6h25, le front s'établit sur la ligne Tranchée des Renards, Tranchée des 4 Chemins et tranchée du Turkestan.
  A 7h15, le peloton Brière de la 10e Cie est envoyée au Btn Burthey, muni de munition et d'outils afin d'organiser le terrain conquis.
Le reste de la journée se passe dans un calme relatif jusque 20h30, moment où s'engage un combat à la grenade devant la Tranchée du Turkestan, dans tous les boyaux conduisant à la Tranchée Bochemar.
A la nuit, des reconnaissances sont envoyées afin de déterminer la ligne allemande qui passe par la Tranchée Bochemar, le carrefour du Boyau Nord de 4043 avec celui venant de 3846.
   Le 10 Septembre, à 4h10, une patrouille de la 5e Cie, chargée de reconnaitre la tranchée en 3847, signale que des fantassins allemands courant de trous d'obus en trous d'obus, marche sur 3847 et la tranchée des Renards. La patrouille se replie après avoir donné l'alarme. Les Allemands sont repoussés avec pertes.
La journée est marquée par un violent bombardement des positions françaises et par une forte activité de l'aviation allemande, dont les appareils survolent et mitraillent les tranchées françaises.
  Le 11 Septembre, une violente lutte d'artillerie s'engage pendant toute la journée de part et d'autre. A la tombée de la nuit, les Allemands exécutent sur la Tranchée du Turkestan, un tir d'encagement avec préparation très rapide et très violente par minenwerfer sur des boyaux d'accès.
Presque en même temps, une vague de tirailleurs ennemis attaque le milieu de la Tranchée du Turkestan, pendant que les petits forts français sont attaqués par les boyaux.
Les assaillants sont repoussés après une violent combat à la grenade.
Les 168e et 169e d'Infanterie seront relevés du secteur, dans la nuit du 12 au 13 Septembre.

  Nous l'avons vu, l'attaque du Plateau des Caurrières fut durement supportée par les troupes. Presque tous les Commandants de compagnies du 168e RI sont tombés à la tête de leurs unités. Le Capitaine de Lespinasse du 1er bataillon, le Capitaine Pineau; le Lieutenant Gévin du 2e bataillon, le Lieutenant Mallet de la 10e Cie figurent parmi les morts.
  Le 167e RI n'a pas démérité. Entre autres actions d'éclat, mentionnons celle du caporal Poirson, qui, voyant son Lieutenant et son Aspirant attaqués par un groupe de cinq Allemands, s'empare d'un fusil-mitrailleur et s'élance au milieu des assaillants qu'il met tous hors de combat.
  L'Adjudant Rémoleur-Greuillet, qui commande le groupe d'élite du régiment, mis à la disposition du 169e RI, a enlevé trois lignes de tranchées, permettant ainsi à ce régiment d'avancer. Trouvant ensuite un fortin fortement occupé, il l'attaque avec des obus V.B. et des grenades, et s'en empare avec tous ses occupants. Il pousse enfin une reconnaissance hardie dans le ravin d'Ornes, en avant de l'objectif atteint.
  Le Capitaine Decoux, qui voyant ses hommes hésiter un instant devant la mort implacable qui fauche les plus braves, s'élance seul sur le parapet de la tranchée Bochemar et tombe, frappé à mort.
  Le Sous-Lieutenant Hermann se défendant seul et avec succès contre sept Allemands.
  Le médecin-major Landolt, Médecin-Chef du Régiment, dont le poste de secours se trouve à quelques mètres de la première tanchée. Malgré un bombardement des plus violents, il organise et dirige sous la mitraille, l'évacuation de ses blessés, et en sauve un grand nombre d'une mort certaine.
  Les Sergents radio-télégraphistes et téléphonistes Fiquet et Hurion, qui déploient un courage et un sang-froid extraordinaires en réparant à chaque instant, sur le glacis jonché de cadavres du P.C. d'Hassoule, leur antenne T.S.F, démolie dès que rétablie. Le sergent Fiquet est tué auprès de l'antenne.
  Outre les lourdes pertes des jours précédents, le régiment eut, le 8 septembre, 79 tués, 407 blessés, 306 disparus (ces derniers sont presque tous tués ou blessés dans les lignes allemandes, sans avoir pu être ramenés).
  A la suite de cette sanglante affaire, le 167e RI est cité A l'ordre de la 128e DI. Sont cités à l'ordre de l'armée :

  • Le chef de bataillon Le Brun, commandant le 2e bataillon, qui recevra peu après, la rosette d'officier de la Légion d'Honneur;
  • Le capitaine Portères, commandant la 2e C.M.;
  • Le chef de bataillon Rivière, commandant le 3e bataillon;
  • Le capitaine Hennegrave, commandant la 10e Cie;
    Le caporal Poirson reçoit la Médaille Militaire.
  • Le soldat de 2e classe Lefort Désiré est cité A l'ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre : "Excellent soldat plein d'entrain, d'ardent et de bravoure. Le 8 septembre 1917 s'est porté courageusement à l'assaut des tranchées ennemies sous un intense bombardement et un feu violent de mitrailleuses."

  Une autre triste nouvelle vient cloturer ces funestes journées. Le 11 Septembre, le Général Riberpray, parcourant comme à son habitude les premières lignes au mépris du danger, est mortellement atteint par un obus. La 128e Divsion perd un chef aimé de tous.
   En conséquence, des modifications sont apportées à l'organigramme de la Divsion. Le Colonel Girard, commandant l'I.D., prend le commandement de la "Division des Loups". Le Lieutenant-Colonel Chépy, commandant le 168e, prend la tête de l'I.D. Le Commandant Philippe, Commandant le 3e Btn du 168e prend le commandement de ce régiment.


Le Général Georges Riberpray, Commandant la "Division des Loups"