Juillet 1916-Dépositions de soldats du 167e d'Infanterie

167e REGIMENT D’INFANTERIE
3e Cie de Mitrailleurs

DEPOSITION DU SOLDAT MITRAILLEUR GEORGES PAUL

  Toute la journée du 10 Juillet, une section a supportée un bombardement violent qui a redoublé d’intensité à la tombée de la nuit. Vers les 9h30, vous avons commencé à recevoir des obus asphyxiant, jusqu’au moment de l’attaque ennemie qui a eu lieu entre 6h30 et 7h00. Quelques instants avant l’attaque, sur l’ordre de notre chef de peloton, le s/lieutenant Chatelet, j’ai appuyé à gauche pour soutenir ma pièce avec plusieurs camarades suppléants. A ce moment, l’ennemi attaque. Nous sommes débordés et encerclés par les Allemands qui nous tirent de tous côtés. Je suis donc prisonnier, mais je réussi quand même a me dégager avec mon chef de pièce, le caporal Viard et un de mes camarades. Alors, sous le feu nourri de mitrailleuses, nous battons en retraite dans la direction d’un boyau qui menait aux réserves. Pendant ce parcours, nous avons perdu le Caporal Viard, et depuis nous sommes sans nouvelles de lui. J’ai rencontré dans le boyau un sergent de ma Cie, le sergent Herzberg qui était blessé, ainsi que plusieurs autres camarades de ma Cie. Egalement blessés le soldat Grolleron et Guérillot.
  Nous nous sommes retrouvés à quatre au ravin, et étant sans renseignement sur ma compagnie, et, souffrant de contusions produites par la chute d’un obus à ma proximité, je me suis rendu au bureau de ma Cie, ou le chef m’a envoyé auprès du Major.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
3e Cie de Mitrailleurs

DEPOSITION DU SOLDAT MITRAILLEUR ZUGMEYER.

  Nous étions en première ligne avec la 7e Cie. Dans la journée du 10, nous avons subi un bombardement violent qui a redoublé vers la tombée de la nuit. Vers les 10h00 du soir, nous avons reçu des obus à gaz suffoquant jusqu’au lever du jour.
   Vers 7h00 du matin, le 2e Bataillon a été attaqué sur la droite. Aussitôt, nous nous sommes mis a tirer sur le renfort allemand qui descendait en face de nous et qui a pu parvenir à arriver jusqu’au 2e Bataillon, et les ont forcé à se rendre. Et tout à coup, l’on aperçu les Allemands qui étaient derrière nous, et nous tiraient dans le dos, ou ils ont blessé notre sergent chef de section Hersberg.
   Le caporal Mauccaré a pris le commandement de la section et nous a donné ordre de nous replier en emportant les pièces. A ce moment là une mitrailleuse allemande était en position derrière nous et nous fauchait en nous repliant sous une grêle de balles. Puisque j’étais prisonnier et je suis parvenu à me sauver dans nos lignes en emportant un mitrailleur blessé dans les lignes, en se repliant, et, malgré le tir de barrage nous sommes arrivés au boyau en lisière du bois avec mon camarade Grolleron que je fais porter au poste de secours. De là, j’ai été rechercher mes musettes que j’avais déposé aux carrières pour me faciliter à le porter. En ce moment là, j’ai retrouvé 3 mitrailleurs de la compagnie et nous nous sommes concertés pour savoir des nouvelles de la compagnie. Mais je n’ai pu obtenir aucun renseignement.
   Me voyant incommodé  par les gaz, je suis descendu au poste de secours de la caserne d’Anthouard ou j’ai été trouver le chef qui était au Bureau et m’a envoyé voir le Major.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
3e Cie de Mitrailleurs

DEPOSITION DU CAPORAL MITRAILLEUR CHEF DE PIECE MAUCARRE

 

  Dans la journée du 10, nous avons subit un violent bombardement, qui a redoublé d’intensité vers la tombée de la nuit. Ensuite, suivit d’obus à gaz suffoquant jusqu’au levé du jour ; vers les sept heures du matin la 7e compagnie était attaquée sur la droite ; aussitôt nous aperçûmes les renforts ennemis qui descendaient sur la droite de nous, alors nous nous sommes mis à tirer avec la mitrailleuse dessus, mais les renforts avançaient toujours vers le 2e Bataillon, qui lui-même, avait beaucoup de mal à maintenir l’attaque.
  Au même moment, nous nous apercevons que nous étions complètement tournés; une mitrailleuse ennemie était braquée sur la crête derrière nous; au même instant, le sergent Hersberg se trouve blessé. Je prends le commandement de la section. Impossible de tenir plus longtemps. Nous nous replions sous une grèle de balle puisque nous étions prisonnier.
  Un homme qui portait une pièce et un autre le trépied, tombent tués ou blessés à mes côtés. Je ne pourrais affirmer leur nom ; alors que j’étais seul, je tombe dans une tranchée où se trouvait des mitrailleurs du 168e avec leurs pièces, qui étaient en batterie. Je suis resté deux heures environ avec eux, mais malheureusement, je m’étais foulé le pied en me repliant et à ce moment, me faisait beaucoup souffrir. Alors, je suis descendu vers le poste de secours. Là, j’ai rencontré trois camarades de la compagnie qui m’ont donné un coup de main à aller jusqu’au poste de secours de l’artillerie. Là, sous la conduite d’un sergent du 168e blessé, je suis rentré à Verdun où j’ai retrouvé mon Bureau.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

 

DEPOSITION DU SOLDAT JEANDEL ALPHONSE - brancardier à la 10e Cie.

  Le 9 Juillet au soir, le caporal brancardier me donna comme mission de prendre position avec la compagnie; qui occupait la 1ere ligne ; la nuit du 9 au 10 ainsi que la journée du 10 se passaient sans aucun blessé.
   Dans la nuit du 10 au 11, à ? heure du soir, l’adjudant Pacot fut blessé a la tête. Après le pansement fait, Garnier m’aida à le transporter au poste de secours de la Poudrière où il reçut les soins de M.M Douzain et Solirème, qui déclarèrent reconnaître une hernie cérébrale.
  Accompagné de Garnier, je fus rejoindre le poste de ligne que l’ennemi bombardait avec des projectiles de gros calibres. A peine arrivé plus du trou d’obus où se trouvait le capitaine Michel, le bombardement devint de plus en plus intense. Les gaz couvirent le ravin séparant la compagnie du fort de Souville. Le tir ennemi raccourci de plus en plus jusqu’à notre 1ere ligne ; qui m’entraina à aller voir les positions qu’occupait la 4e section. Je suis resté environ 10 minutes près du Sergent Mess que je vis faire mettre baïonnette au canon à la section. Au même instant, plusieurs obus tombent sur la compagnie et je distingue plusieurs groupes s’avançant sur nous avec des récipients portés à dos d’où sortait une flamme qui venait jusqu’à nous. Les hommes lancèrent plusieurs grenades chacun ou vidèrent leur magasin de fusil. Les flammes qui tombait principalement sur le 1er peloton mirent le feu à quelques capotes, et voyant la masse forcée ; toute la compagnie se replia en assez bon ordre pendant environ 3 à 400 mètres. Beaucoup se retournaient pour faire face à l’ennemi et tiraient sur la masse qui continuait sa marche. D’autres plus peureux allèrent jusqu’au sommet de la poudrière. Là, ils y rencontrèrent un groupe ennemi se dirigeant sur eux. Pour en dire le nombre qui venait du ravin, je ne puis rien dire car me trouvant toujours avec l’unité qui faisait face à l’avant, je n’ai vu ce qui ce passait au ravin.
  Seulement, ce ne fut qu’un cri qui vient jusqu’à nous, (voilà les boches derrière), au même instant, plusieurs coups de fusils furent tirés du ravin dans notre direction. A ce moment, ce fut la débandade de tout côté. Nous étions entourés de partout. Un petit groupe, que je suivis, parvint jusqu’à l’abri du capitaine Ménétrier, où je me suis mis à l’abri pour faire 23 pansements. Jusque là, je pus apercevoir le capitaine Ménétrier aidant le sergent Decourt à faire mettre en tirailleur sur la petite voie ferrée le reste de la compagnie qui était parvenue jusque là. Le temps de faire les deux pansements et de les faire partir sur le ravin de la mort, je regarde devant moi pour chercher d’autres blessés. Aucun homme n’était devant moi, sauf deux allemands qui se trouvaient à 400 mètres de moi, montant sur la direction des abris. Ne me voyant plus aucune arme comme brancardier, et aucune ligne de défense devant moi, je fus jusqu’au poste du Colonel que j’ai averti tout effacer, et du boyau. La liaison pu comme distinguer les deux hommes que j’avais vu au ravin tirer dans les abris environnant ceux du bataillon.
  Après cela je vis le caporal brancardier du deuxième Bataillon, auquel j’offris mes services. Je fus chercher un blessé sur la crête occupée par le 2e Bataillon et je le conduisis au refuge du ravin de la mort. Vers 4h00 du soir, accompagné de Mangin, brancardier et des deux tambours de la 9e Cie, nous montâmes un grand blessé au St Michel, nous retournâme en chercher un second à demi-chemin du boyau, et de là, n’ayant aucun ordre d’aucune manière, je viens chercher des ordre à Verdun, d’où l’on nous dit d’attendre.
   Ce que je puis faire remarquer, c’est que la veille de l’attaque, à 4h30 environ, plusieurs camarades entre autre Dufour, Garnier, et le sergent Decourt, me dire qu’ils avaient aperçus descendre de la direction du 1er Bataillon quelques groupes qui étaient probablement des prisonniers, mais ils firent la remarque qu’ils n’étaient pas conduit. Ces groupes descendirent le ravin de Souville, entre le fort et la Poudrière.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT BOUCHOT ALBERT

  Le 10 Juillet, les Allemands nous ont violemment bombardé toute la journée et le soir vers minuit. Ils nous ont envoyés des obus à gaz lacrimogène, et le 11 à 6h00 du matin environ, les boches ont avancés sur nous et par le village de Fleury, en colonne par quatre et par groupe d’une vingtaine, les uns avaient des pompes au dos, les autres des torches enflammées. Me voyant sur le point d’être prisonnier, je me suis sauvé et je me suis trouvé avec des mitrailleurs du 168e et le colonel du 167, et je suis resté un bon moment avec lui.
J’ai vu le soldat Laroche qui était blessé au bras qui se dirigeait sur le poste de secours.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT PAOLANTONACCI JEAN 10e Cie – 1ere Section.
  

  Le 11 Juillet 1916, au déclenchement de l’attaque, je me trouvais avec 4 camarades (caporal Durand, Peretti et deux autres hommes de la 10e Cie), dans un trou d’obus de 1ere ligne.
  Après avoir subi un bombardement de plus en plus intense depuis la relève, et une forte émission de gaz asphyxiants depuis 23h00 (le 10), j’étais de garde vers les 6 à 7 heures du matin, le 11, quand, subitement, j’aperçus à quatre mètre de moi une dizaine d’Allemands ; la disposition du trou d’obus à contre-pente m’avait empêché de les voir plus tôt.
  Je prévins immédiatement mes compagnons d’un cri et visant avec calme, « descendis » l’Allemand qui était le près de moi. J’eus à peine le temps de recharger mon arme et de tirer sans viser et sans pouvoir juger du résultat. L’ennemi était à un mètre du trou d’obus. Voyant que j’étais disposé à défendre sérieusement la position, un Allemand se mit à arroser de liquides enflammés le trou d’obus, où je fus aussitôt en flamme ainsi que mes camarades. La capote en feu, les cils brûlé, je me mis à courir pour empêcher l’incendie de me causer de plus graves brûlures. Les flammes ne s’éteignirent qu’après une course d’une quarantaine de mètres, sous les balles et les obus.
  Il m’a été loisible de me rendre compte au milieu de la fumée et de la poussière que l’appareil lance-flammes était fixé au dos de l’allemand qui le manoeuvrait avec un levier de la main gauche, et dirigeait le jet avec une lance à arrosage qu’il tenait de la main droite.
Je déclare n’avoir vu aucun camarade de ma connaissance tué ou blessé.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT BOMPAZ – 10e Cie – 4e section – 167e.

  Le 10 Juillet dans l’après-midi, les Boches ont commencé un tir nourri d’artillerie avec des obus de gros calibre. Notre artillerie a très bien répondu par des tirs de barrages très fréquents.
  Plusieurs fois dans la nuit du 10 au 11, nous avons reçu l’ordre de notre chef de section de mettre baïonnette au canon et presque toujours ce mouvement était précédé d’un coup de sifflet qui semblait venir des lignes ennemies.
  Ce n’est que vers les 23h00 qu’ils commencé le tir avec des gaz asphyxiants et à partir de ce moment nous avons été obligé de conserver nos masques. Jusqu’au moment de l’attaque, à ce moment, il était donc environ 7h00 du matin, lorsque les Boches sont sortis. Ils m’ont semblé d’être en formation de ligne de section par quatre, et attaquaient à la grenade et aux liquides enflammés.   De ma place j’ai tiré des coups de feu sur la colonne qui montait toujours, mais sur le point d’être cerné et ne voulant pas être prisonnier, je fus contraint à abandonné ma section qui déjà levait en partie les bras.
   A mesure que leur colonne avançait, leur mitrailleuses se mettaient en batterie et coupait ainsi la retraite aux quelques fuyards qui abandonnaient leur compagnie. Je suis descendu dans le ravin où j’ai rencontré François Henri et le sergent Perrin. Nous restâmes là quelques minutes et après cela, je les ai invité à remonter vers nos mitrailleuses. Mais en cours de route, j’ai rencontré le sergent Decourt qui dépensait toute son énergie et son courage pour reformer une ligne de tirailleurs. Je me suis mis sur sa droite mais étant sur le point d’être repris une seconde fois, je fus contraint de battre en retraite.
  Je suis remonté sur la côte où j’ai retrouvé le sergent Perrin, rencontré le sergent Cordo et l’adjudant Martin ainsi que le soldat Ferrand. Sur ce, je m’envoie une bonne rasade de gnôle qui me remit de mes émotions. Comme la colonne ennemie avançait toujours, je suis redescendu jusqu’aux mitrailleuses du 168e avec Ferrand, Bouchot de la 10e, Rousselle et deux ou trois autres que je ne connais pas de nom.
   Je me mets en tirailleurs avec les mitrailleuses mais à ce moment, mon fusil est cassé et la culasse enrayé par la terre. Je me mets à l’abri pour le réparer mais rencontrant le colonel Decageux et le capitaine(?), je réponds à leur question au sujet de l’attaque ainsi que mes deux camarades Ferrand et Bouchot, et après cela je suis redescendu jusqu’au poste de secours où nous avons resté quelques heures et après, ne rencontrant personne de gradé, nous sommes redescendus au bureau de notre compagnie où nous y avons resté pour attendre des ordres et j’ai profité de ces moments de repos pour me remettre de mes fatigues et des dégât que m’avaient causés les gaz où je fus resté pendant plus de deux jours fortement indisposé.
Voilà tout ce que je sais de ce qui c’est passé de l’attaque.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT COTE Antoine – 10e Cie –167e.

  J’étais agent de liaison du commandant Ménettrier au Capitaine Michel pour renforcer l’homme de liaison. J’ai reconnu la tranchée. Le 10 Juillet ; bombardement intense de la position avec obus de gros calibres.
  Dans la nuit du 10 au 11, les Allemands nous lancent des obus asphyxiants et il fallut mettre les masques pour se garantir, et les garder jusqu’au matin.
  Nous étions dans l’abri des colombophiles et signaleurs. Lorsque il parvint des hommes baïonnettes au canon en criant en français : « Vous êtes prisonniers ».
   Ne voyant plus personnes du Bataillon autour de nous que des Boches, nous nous sommes replier jusqu’à l’abri du Colonel, sous le bombardement et le feu des mitrailleuses, pour tenir la position. Autrement cela, j’aurais été prisonnier.

COTE Antoine

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT DE 2e CLASSE THOMAS Aimé – 10e Cie –167e.

  Le 10 vers 10 heures du soir, le bombardement commence avec l’aide de gaz asphyxiants qui se continu jusqu’au lendemain dans la matinée.
  Le 11 vers 1 heure du matin, les Boches font un semblant d’attaque qui nous fait tirer une partie de la nuit, mais nous ne pouvions rien distinguer rapport aux gaz. Je me trouvais à la 3e section avec le Caporal Bouch (?) en réserve.
  Vers 2 heures du matin, l’adjudant Pacôt fut blessé en voulant envoyer une fusée pour l’artillerie. L’attaque eu lieu entre 6 et 7 heures toujours avec l’aide de gaz et liquides enflammés. Ne pouvant rien voir devant, c’est là que nous avont été surpris et attaqués. Nous les avons remonté une fois du ravin, mais la 2e fois, nous ayant surpris, ils nous ont encerclés. C’est à ce moment que je suis parti en courant pour ne pas être pris par les Boches. Je me suis rendu dans un abri de mitrailleuse au nord du ravin de la Mort.
  Je me suis rencontré là avec le soldat Bouch (?).C’est à ce moment qu’on a vu le Colonel qui nous a fait rester sous cet abris. Après ce moment je ne sais plus ce qui c’est passé.
Le soir de cette attaque, je suis descendu à Verdun avec quelques camarades de la compagnie pour recevoir des instructions.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
10e Cie

DEPOSITION DU SERGENT DEMANGE – 10e Cie – 2e section - 167e.

  Le 10, bombardement violent de nos lignes par obus de gros calibre. Les postes de 1ere ligne sont atteints, le petit poste de la 2e section ou je me trouvais est bouleversé à 8h00 du matin et un homme est tué.
  Dans l’après-midi, tir de barrage de chez nous et ralentissement du bombardement qui reprend dans la nuit, avec accompagnement de gaz. Nous sommes obligés de conserver les tampons toute la nuit. Un Allemand se rend vers le matin et est dirigé aussitôt sur le poste du capitaine Michel (ce prisonnier a été délivré par les Allemands pendant l’attaque).
  Le bombardement redouble au matin et à 6h00, les Allemands s’avancent sous la protection de leur bombardement. La formation était une première ligne de tirailleurs bien dense avec (grenades, liquides enflammés), en arrière des formation d’attaque, colonne par quatre (avec mitrailleuses, fusils mitrailleurs : les mitrailleuses allemandes fonctionnent presque aussitôt). Devant (?) des Allemands et surtout devant les liquides enflammés, les notres cédaient du terrain et plusieurs postes se trouvaient tournés. Les autres se trouvaient pris entre le tir de barrage et les colonnes d’avant.
  Après avoir essayé de résister, puis d’arrêter les fuyards, avec l’aide d’autres sergents (sergent Decourt), j’ai crié aux hommes qui m’entouraient de sortir du barrage en appuyant à gauche, mais personne ne me suis, et je me trouve seul dans un bois où je m’égare.
  Ayant rencontré des éléments du 217e, ceux-ci m’ont aiguillé sur Verdun, où je change de fusil et reprend un masque. Puis, je suis remonté au PC du Colonel où je suis arrivé vers 13h00 avec 3 hommes du Bataillon rencontrés en route.
Je ne donne aucun renseignement sur les officiers et les autres soldats. Je n’en ai pas vu tomber.

Le Sergent DEMANGE.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT DUBIN PIERRE – 11e Cie –167e.

  Le 10 Juillet au soir, le bombardement de nos lignes a commencé vers 20 heures. Parfois par des obus à gaz mais notre artillerie a fait un tir de barrage qui a calmé le tir de l’artillerie allemande.
  Les Boches ont essayé de déboucher mais ils n’ont pu parvenir à nos lignes. A la pointe du jour, le bombardement a repris plus fort que la veille au soir ; ils envoyaient beaucoup d’obus à gaz dans le ravin de la mort ainsi que sur nos premières lignes.
  Vers six heures du matin, ils ont envoyé des obus de 305 à côté de la 4e section de la 11e Cie qui a fait sauter deux mitrailleuses et comme le bombardement ne cessait pas, on a été obligé d’évacuer la tranchée. On a fait un petit bond en avant et peu après, la 10e Cie s’est repliée. Nous avons été obligés de nous replier dans les trous d’obus à 50 mètres en arrière, d’où on a tirer quelques coups de feu. Mais comme les Boches nous encerclaient, nous avons été obligés de nous replier et chacun partait où il pouvait car les Boches nous lançaient des liquides enflammés.
   J’ai pu m’échapper. En m’échappant, j’ai perdu mon fusil et mon tampon contre les gaz.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT DAUPHIN Marcel – 11e Cie –167e.

  Le 10 Juillet, bombardement violent de nos lignes par des obus de gros calibre à 9h00 du matin. L’un de ces obus atteint plusieurs de mes camarades. Je puis certifier la mort du soldat BRUNO et j’ai entendu crier. C’étaient d’autres camarades qui étaient touchés et je n’ai pu aller leur porter secours car la tranchée n’était pas assez profonde et j’ai vu partir le blessé Davaine. Le bombardement a continué et plusieurs de ces obus sont tombés tout près de la tranchée dans l’après-midi.
  Vers 3h00, bombardement et tir de barrage dans les lignes Boches. Les Allemands ont de nouveau tiré sur nos lignes avec des obus de gros calibres. Vers 20h30, j’ai vu le Capitaine de Baillenx visiter la ligne et nous a dit qu’il fallait encore travailler la tranchée car ce n’était pas assez profond. Nous nous sommes mis à l’ouvrage et vers 21h30, sur ma gauche, j’ai entendu tirer des coup de fusil et mon chef de section le sous-lieutenant Jorelle a crié tous au créneau et il nous dit de faire des feux de salve et j’ai jeté une grenade et notre artillerie a fait un bon tir de barrage.
  Vers 23h00, les Allemands ont envoyé des obus de gros calibre et des gaz et le Sergent Chardard a crié de mettre les masques. Les Allemands ont tiré dans la tranchée de la 2e section et le matin, à la pointe du jour, un obus a enterré deux camarades : les soldats DUMONT et DECHAMBRE que le soldat de 1ere classe TRUCHAUD a déterré. Après, je me suis vu enterré avec mon camarade de combat NIDEKER. Nous nous sommes dégagés comme nous avont pu. Je n’ai pas retrouvé mon fusil et me suis appuyé à droite à côté du soldat MURALTI, les Sergent CHARDARD et PERRIN. Là, arrive une marmite qui nous projette de la terre. Le 11, j’ai (?) une motte de terre, mal au (?); et je ne pouvais plus respirer. Alors j’ai quitté ce poste pour aller demander la permission à mon Chef de section d’aller au poste de secours, ce qu’il a autorisé.
  En allant au poste de secours, j’ai entendu les hommes de la 9e Cie, crier « Voilà les Boches ! ». Il était 7h30 ou 8h00. La 9e Cie a mis baïonnette au canon et je suis resté avec la 9e Cie. Nous nous sommes repliés pour former la ligne de tirailleurs et la mitrailleuse boche a tiré et les hommes de la 9e Cie ont crié « Les Boches viennent par le ravin ». Il y en avait en tirailleurs et en paquets. Et moi, je me suis replié dans le boyau où étaient les mitrailleuses du 168e et dont j’ai vu une pièce se porter dans le ravin. Et, là, ils ont tiré. Alors, je me suis reposé dans le boyau car je ne pouvais plus souffler. Alors, je suis descendu jusque au poste des Territoriaux. J’ai vu le Colonel et le Capitaine Peronne. Et alors je suis passé par le ravin de la mort. Je suis allé au de l’artillerie, à la sortie du boyau.

DAUPHIN Marcel.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT TESTULAT Marcel – 11e Cie –167e.


   Dans la nuit du 9 au 10 Juillet, nous arrivons en ligne. Mon  Lieutenant (S/lieutenant Bourrée, dont je suis l’ordonnance), organise la section (1ere), et s’arrange un trou d’obus au centre de la section et un mètre en arrière.
  Journée du 10, bombardements. Je creuse un peu notre trou. Le soir, le bombardement Boche augmente et l’infanterie essaye de déboucher, mais est arrêtée par nos tirs et surtout par un fort tir de notre artillerie.
  Après un temps d’arrêt, l’artillerie Boche commence un terrible bombardement avec obus de gros calibres et asphyxiants. Au petit jour, ils tirent spécialement sur la 4e section et la 10e Cie. L’artillerie ralentie un peu et s’allonge et d’un petit poste situé au centre de la 1ere et 3e section, et à 30 mètres en avant, part une fusée tournante jaune qui laisse tomber 2 boules, suivie d’une seconde et d’une troisième.
   Mon Lieutenant recommande de redoubler d’attention et les hommes attendent. Le Capitaine de Balleinx, mon Lieutenant et le Sergent Chardard tirent sur les Boches qu’ils aperçoivent. A ce moment, deux gros obus tombent près de la 4e section et nous voyons les mitrailleurs et quelques hommes se replier sur les trous d’obus qui sont derrière.
  Le Lieutenant m’envoie dire au Capitaine de venir le rejoindre dans notre trou, et un instant après, celui-ci est avec nous. A ce moment, des cris partent de notre droite et des hommes passent devant nous, sans équipement (du 168e je suppose). Ils sont bientôt suivis par la 10e et la 11e Cie se trouve prise par tous les côtés à la fois et va se rendre. Je fais un bond en arrière et m’installe dans une tranchée avec une vingtaine de mes camarades (dont Bourdot, blessé d’une balle au côté et tombé dans la tranchée), mais une mitrailleuse Boche nous fauche et je me trouve bientôt seul, et les Boches m’entraîne prisonnier.
  Ils me gardent un instant dans un trou fait par nos mitrailleurs et où il sont deux pièces, et sous la conduite de l’un d’eux, ils me font transporter leurs blessés à l’arrière. J'ai fais 5 voyages et après j’ai porté leurs sacs à 200 mètres en arrière environ, puis mon gardien m’ayant lâché un instant, car les nôtres les attaquaient, je me suis glissé dans un trou d’obus où je suis resté jusqu’à la tombée de la nuit. Et en rampant, j’ai essayé de revenir dans nos lignes. Les Boches m’ont aperçu et tiré dessus ainsi que nos 75. Me voyant perdu, j’ai dévalé la côte et sus tombé sur un petit poste du 168e, dont le caporal m’a envoyé au Lieutenant Lebrun, à qui j’ai fait ce récit et au Capitaine, à qui je l’ai renouvelé. Après quelques instants de repos, le Capitaine m’a envoyé à l’abri du Colonel du 167e, a qui j’ai fais ce récit.
  Au moment où je suis parti de nos anciennes positions, j’ai compté 412 Boches dans les trous-tranchées et environ 200 derrière la crête, dans le ravin.

 

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT MURALTI Prosper – 11e Cie –167e.

  Bombardement depuis 9h00 le soir, le 10, avec gaz lacrymogènes. Au matin du 11, les Boches nous attaquent par la droite (10e Cie). Nous nous sommes reportés dans des trous d’obus derrière la tranchée. La position n’étant plus tenable, et les Boches avançant toujours et n’ayant plus de fusil, je suis parti en arrière et suis resté à côté de l’abri du Colonel.
  Je puis certifier avoir vu de mes yeux les camarades dont les noms suivent tués dans la tranchée : Brunet, Rioton (Caporal), Perdriset, Dix, Rodon, Dourdy et blessés se repliant vers l’arrière : Davesnes et Joudioux, Cousin blessé d’un éclat d’obus à la cuisse est resté dans la tranchée. Lepointe (clairon), blessé de 3 éclats à la tête est parti à l’arrière des lignes.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11 Cie

DEPOSITION DU SOLDAT Dechambre –11e Cie – 167e RI.

  Le matin du 10, tué à mes côtés le soldat Brunet. Bombardement depuis 10h00 du soir, suivi peu après d’émission de gaz durant toute la nuit. Le matin, déclenchement de l’attaque. Le soldat Dumontest enterré. Le soldat Truchant se trouvant à proximité se précipite à l’aide du soldat Dumont pour le dégager. Moi-même parvenant à me dégager, blessé à la tête, je voulus gagner le poste de secours mais devant le tir de barrage, je dus me replier et ceci, en m’égarant, où dans un bout de boyau, recevant une motte de terre dans le rein gauche, me sentant incapable de marcher, je me réfugiais dans un abri d’une ligne d’artillerie détruite, ou je restais ignoré deux jours. Le soir, voyant des patrouilleurs, je pus gagner l’arrière.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
11 Cie

DEPOSITION DU CAPORAL FOURRIER LECUYER Henri – 11 Cie –167e.

  Je soussigné Lécuyer Henri, Caporal fourrier à la 11e Cie du 167e, déclare avoir été dans la nuit du 10 au 11 Juillet 1916, témoin des faits suivants :

  Le 10 Juillet, vers 21h30, je reçus du Capitaine de Baillenx, l’ordre d’aller avec quatre hommes à la caserne Marceau pour y ramener les vivres destinées à la 11e Cie. Les militaires qui devaient m’accompagner vinrent me rejoindre au PC du Capitaine Ménettrier, mais par suite d’une erreur de l’agent de liaison, il me fut donné trois soldats et un caporal. Je quittai le dit PC vers 22h15, accompagné du Caporal Sérurier, et des soldats Longin, Vaguenez et Gallot, ainsi que de la corvée de la 10e Cie conduite par le Caporal fourrier Mailloux. A ce moment, l’ennemi procédait à un bombardement intense du Ravin de la Mort et des Côtes de Belleville.
   Vers 22h45, alors que nous nous trouvions dans les bois des Côtes de Belleville, nous sentîmes une odeur de chlore ; l’ennemi lançait au moyen d’obus, contre notre artillerie, des gaz asphyxiants, tout en continuant sont violent tir de barrage. Nous poursuivîmes notre route, porteurs de nos masques ; mais fatigués par les gaz nous dûmes nous arrêter au poste de secours du dépôt St Michel d’où furent évacués quelques hommes de corvée de la 10e Cie et ou expira le soldat Tardif de la 5e Cie, que nous avions rencontré sur notre chemin, non porteur de son masque.
  Le poste de secours fut par nous quitté le 11 Juillet à 5h00. Nous éprouvames une grande difficulté à trouver notre chemin, en raison du voile épais qui régnait sur Verdun, par suite de l’émission prolongée des gaz.
  A la caserne Marceau, l’un de mes hommes de corvée, le soldat Gallot, se trouvant encore incommodé, passa la visite médicale,  à la suite de laquelle il lui fut octroyé une journée de repos.
Nous ne mûmes quitter la caserne Marceau qu’à 19 heures, défense nous ayant été faite de remonter en ligne dans l’après-midi, l’ennemi n’ayant cessé que vers cette heure-là son violent tir de barrage.

Approuvé par les hommes de corvée :
Le soldat Vaguenez
Le soldat Gallot
Le soldat Longin
Le Caporal Sérurier

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9 Cie

DEPOSITION DU SOLDAT BOUILLON Louis – 9e Cie –167e.

  Le 11 Juillet après un bombardement de 24 heures avec des obus de gros calibre et accompagné de gaz asphyxiants pendant toute la nuit, les Allemands attaquent vers 6 heures du matin. Nous attendons lorsqu’un homme vient vers nous et nous dit que nous ne sommes plus en liaison avec la droite et que les Allemands sont dans le ravin. Nous envoyons cet homme au commandant de compagnie.
  Le commandant de compagnie nous fait mettre baïonnette au canon et nous restons là. Au bout de quelques minutes nous voyons déboucher de derrière les caissons qui sont restés à mi côte, une colonne. Quelques hommes tirent aussitôt. Nous avons ordre de ne pas tirer, que c’est un renfort qui approche. Les hommes approchent toujours et dans la poussière qu’il y a, nous reconnaissons que ce sont bien des Allemands. Alors nous tirons sur ces hommes, qui, à un signe de leur officier se couchent tous, et sur un nouveau signe de leur officier, signe fait avec une canne, les hommes font un bond et nous encerclent de tous côtés. Nous tirons toujours, c’est alors que voyant que nous étions pris sans pouvoir offrir aucune résistance, que les Allemands nous obligèrent à nous constituer prisonnier.
  A ce moment, ne voulant pas me rendre, je retire mon sac et me sauve avec Gallois, Dufer, Beuloir, Bompaz, Séclier et quelques camarades connus de moi. Je rencontre un Sergent de la 4e Section et sur son ordre nous nous déployons en tirailleurs. Mais nous sommes trop peu pour arrêter la marche de l’ennemi. Quelques uns sont encore blessés et aussi prisonniers. Je reçois une balle dans la hausse de mon fusil, et à ce moment, voyant que nous étions serrés encore de près et que nous sommes trop peu, nous faisons un bond en arrière et là nous nous joignons à des mitrailleurs qui ignorent tout ce qui se passe. Un nouvel éclat d’obus me casse mon fusil, alors, je me retire pour chercher un fusil et des munitions qui me font complètement défaut.
  Maintenant, je me trouve dans le ravin avec Dufer et Gallois. Dufer saigne abondamment de la main droite, une balle ayant fait exploser les deux grenades qui se trouvaient dans la poche de sa capote. Les Allemands, à ce moment, déclenchent un fort tir de barrage à l’aide d’obus asphyxiants. Ne pouvant rester là, je monte dans le boyau. Je me trouve avec des artilleurs et je me met dans leur abri. Après être resté là un certain temps, et n’ayant pas mangé depuis 24 heures, n’ayant plus de vivres puisque j’avais abandonné mon sac, plus de munitions ni fusil, je me suis rendu au bureau de ma compagnie à Verdun, où je reçu l’ordre de rester là.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT PINOT Pierre – 9 Cie –167e.

  Après avoir subit un bombardement toute la journée du 10, vers 11 heures du soir, nous nous apercevons qu’il y avait des gaz. Le lendemain matin, vers 6h00, le bombardement devenait plus violent ainsi que les gaz nombreux. Alors, vers 7h00, nous entendons les mitrailleuses et à travers la fumée, nous apercevons une attaque sur les premières lignes. C’était une mélée puis plus rien. Environ 5 minutes après, nous apercevons l’ennemi qui montait le ravin en nous attaquant de flanc et arrivait à une trentaine de mètres de nous.
   Après avoir fait quelques feux, nous nous replions sur le gros de Cie où étaient nos officiers. Là, nous avons continué le feu. La position n’est plus tenable. Une mélée. On se tirait dessus les uns aux autres. L’ennemi en a profité pour nous cerner. Alors me voyant prisonnier, je suis parti avec un camarade en traversant les rangs ennemis où mon camarade a été blessé.
  Je rencontre une compagnie de mitrailleuses du 168e dans le ravin. Je suis resté avec eux environ 1 heure. De là, on nous a fait replier dans le ravin où un sous-officier m’a donné l’ordre de remonter vers la caserne Marceau où j’aurais de nouveaux ordre. J’y suis allé. Là j’ai trouvé 3 camarades qui venaient de recevoir l'ordre de notre colonel de rester là. Le soir, je suis descendu ainsi que mes camarades à Verdun, nous faire porter rentrant au bureau de notre Cie. 
   Le camarade qui se repliait avec moi qui lui a été blessé à la tête en deux endroits, était le caporal Desbrosses, de ma Cie ainsi que le soldat Buhant qui était blessé au bras, qui a passé à côté de moi.

Pinot Pierre.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9e Cie

DEPOSITION DU SOLDAT SECLIER Mary – 9 Cie –167e.

  Le 11 Juillet, après un bombardement de 24 heures, accompagné de gaz asphyxiants, les Allemands attaquent à 6h00 du matin. Un homme vient nous prévenir que l’on avait plus de liaison avec la Cie de droite et que les Allemands descendaient le ravin et aussitôt le Commandant de Cie nous fait mettre baïonnette au canon. Là, nous attendons quelques minutes puis l’on voit déboucher une colonne derrière nous. L’on tire mais aussitôt, l’on reçoit l’ordre de ne plus tirer, que c’est du renfort qui approche aussitôt l’on aperçoit que c’est des Allemands.
  Mais il est trop tard car l’officier Boche faisait des signes avec une canne. Ils sont de suite sur nous. Ils nous forcent à nous déséquiper; l’on se rend. Je fais 200 mètres avec eux puis la section, qui était derrière, nous tire dessus. Là, les Boches se déployèrent en tirailleurs, et moi, je fais tout pour me sauver jusqu’à la 4e section qui battait en retraite jusque dans le ravin.
  Là je remonte avec le Lieutenant Guillet et l’Aspirant Péronne pour charger sur les boches. L'on tire puis l’on se replie encore une fois, et là, l’on rencontre les mitrailleurs du 168e. Puis l’on se met en tirailleurs. Là, je reçois un obus sur le parapet. Je suis enterré puis je peux sortir. Ne voyant plus personne, je reviens en arrière où je rencontre dans le boyau Bouillon, Gallois, Dufer. L’on remonte jusqu’aux pièces. L’on attend quelques instants pui l’on va rejoindre notre bureau de Cie pour manger car il y avait déjà un peu de temps que l’on avait pas mangé, puis nous attendons les ordres pour remonter et nous recevons l’ordre de rester là.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9e Cie

DEPOSITION DU SERGENT FOURRIER L’AGNEAU DE LATREILLE – 9 Cie –167e.

  Monté en ligne le 9 Juillet au soir, je me trouvais au PC du Capitaine Menettrier, Commandant le 3e Btn où j’assurais la liaison entre le PC et la Compagnie.
   Le 10 au soir, à 9h30, je reçu l’ordre de me rendre avec 4 hommes à la caserne Marceau pour toucher le ravitaillement du lendemain. Les 4 hommes étaient : Richard, Deschamps, Bataille, Galy qui ne peuvent certifier autre chose que dire ce qui suit.
  Brutalement bombardés et à demi-asphyxiés par les gaz, nous n’avons pu reprendre notre départ vers la ligne qu’à 4 heures du matin.
  Arivés au Boyau menant au ravin de la mort, nous n’avons pu passer qu’après des arrêts très fréquents, vu la violence du bombardement.
  Enfin, à 6 heures, nous arrivons près du Colonel Decageux, qui me donna l’ordre de rester avec ma corvée auprès de lui. Nous sommes restés à la disposition du Colonel jusqu’à la fin du séjour. J’ai vu au poste de secours Borsi, blessé par obus et Gaudillere : une balle dans le coté droit.


 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9e Cie

 

DEPOSITION DU SOLDAT FOURNY LEON– 9 Cie –167e.

 

  Après un bombardement d’obus de gros calibre et d’obus asphyxiants, les Allemands déclenchèrent  leur attaque vers 6 heures du matin. Je me trouvais à ce moment au poste de commandement, avec les soldats Huguonnet, Leguay, Jacob et Besnard. Très peu de temps après, un homme que je pu reconnaître passa à proximité en courant et criant « Sauvez-vous, voilà les Boches ». Nous attendîmes néanmoins. Les Allemands ne paraissaient point, lorsque que le cycliste Zanon, venant voir ce qui c’était passé. Le Capitaine Menettrier, Cdt le Btn, nous dit de nous replier vers l’abri du Colonel, nous trouvait isolés entre les lignes.
  Nous partîmes individuellement sous le tir de barrage. Nous nous perdîmes de vue, passant sur le Decauville où j’aperçu entre autre le soldat Pichon, blessé au pied. J’arrivai à l’ouvrage D où était en position des mitrailleuses. Je restais alors avec la 2e Cie du 168e jusqu’au 14 au soir et apprenant la relève de mon régiment, je me rendis à Verdun rejoindre mon Bataillon.


 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
9e Cie

 

DEPOSITION DU Cycliste ZANON Jean – 9 Cie –167e.

  Le Capitaine Menettrier Commandant le 3e Btn m’a donné l’ordre d’aller avec le Sergent fourrier de la 9e Cie au ravitaillement pour la liaison du Bataillon.
  Nous sommes partis à 9h00 du soir du poste du Commandant. Nous sommes arrivés à la Caserne Marceau pour toucher le ravitaillement. Nous sommes repartis sur le matin pour rejoindre le poste de Commandement dans les boyaux nous avons été  pris par un tir de barrage et les gaz. Nous avons pu rejoindre le poste du Colonel sans accident.
  Nous avons prévenu le Colonel que le ravitaillement du 3e Bataillon du 167e était arrivé. Le Colonel a donné l’ordre de ne pas monter. Nous sommes restés toute la journée dans les abris autour du poste du Colonel. Et nous avons attendu.
  Dans l’après-midi on me dit que les Boches sont venus jusqu’au poste du Capitaine Menettrier. Je demande au sergent fourrier qui avait le Commandement de la corvée, si je pouvais aller jusqu’au poste du Capitaine commandant le 3e Bataillon. Il m’a dit que je fasse bien attention sans trop m’exposer. Je suis parti jusqu’au poste du Colonel. Une fois là, le Colonel a donné l’ordre à deux cyclistes de partir reconnaître la Poudrière. Je suis parti le premier avec le cycliste Laclaigues.
  Nous sommes partis tous les deux. Je suis arrivé au poste du Capitaine Menettrier, les Boches nous ont tiré sur nous à la porte de l’abri du Capitaine. Il y avait un Caporal qui était tué du 167e, dont je ne connais pas le nom. Je suis descendu dans l’abri pour voir si il y avait des papiers intéressants.
  J’ai rien trouvé. Ensuite, j’ai été dans l’abris de l’adjudant de Bataillon car la veille, le secrétaire avait fait des plans. J’ai tout fouillé, je n’ai rien trouvé. Rien n’avait été touché dans cet abri par les Boches. Je n’ai pas vu de trace du Capitaine Menettrier en sortant de cet abri. Les Boches devaient se trouver à la Poudrière. Les coups de fusils venaient de cette direction.
  En sortant pour rejoindre le poste du Colonel, on m’a appelé. Je regarde. Il y avait 7 hommes dans l’abri de la liaison du 3e Bataillon, qui étaient désorientés. Je leur ai dit qu’ils pouvaient partir les uns après les autres et qu’ils se rendent au Poste du Colonel. Je suis parti rejoindre le Poste du Colonel sans incident. J'ai rendu compte au sergent-major du Colonel que j’avais rien vu et je suis descendu avec le Colonel et je suis resté à sa disposition.
Plus rien à signaler.


Voilà les noms des soldats :
Descottes
Cote
Jacob
Legay
Bernard
Huguennot
Fourny

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
3e Cie de Mitrailleuses

 

DEPOSITION DU CAPORAL FOURRIER GILLET– 3e Cie de Mitrailleuses –167e.

 

  Le 10 Juillet à 17h00 ayant reçu l’ordre d’aller chercher le ravitaillement pour la Cie à la caserne Marceau. Je suis parti avec 4 hommes à 20h00. Je ne pu rejoindre la Cie dans la nuit. Ce ne fut que le 11 dans la soirée que je pus prendre le chemin du retour. 
   Arrivé au PC du Colonel du 167e (1er emplacement), j’apprend que l’ennemi s’était avancé jusqu’à l’abri de mon Capitaine et avait fait prisonnier tout le personnel qui se trouvait dans les abris avoisinnants, et qu’il était resté non loin de là.
  Ces renseignements me paraissant manquer de précision, je suis allé au PC du Colonel pour avoir une certitude et savoir ce que je devais faire.
  Alors je me suis mis à la disposition du secrétaire du Colonel, auquel je donnai mon nom et m’employai aux corvées de ravitaillement.
Je suis descendu au St Michel dans la nuit du 14 au 15, avec une mitrailleuse et le 15 à Verdun.

 

167e REGIMENT D’INFANTERIE
3e Cie de Mitrailleuses.

 

DEPOSITION DU SOLDAT MITRAILLEUR MATHOUILLOT – 3 Cie de Mitrailleuses–167e.

 

  Toute la journée du 10 Juillet, ma pièce a subit un violent bombardement qui a redoublé d’intensité à la tombée de la nuit. Un peu plus tard, l’ennemi nous a lancé de gros obus à gaz dont j’ai eu à souffrir malgré la bonne protection de mon masque.
  Le lendemain matin, les obus de très gros calibre tombaient tout près de ma pièce faisant tomber sur nous de grosses mottes de terre. Le s/lieutenant Châtelet voyant le danger que nous courrions tous, fit appuyer à gauche de la pièce les suppléants dont je faisais partie. Il ne restait plus à la pièce que les titulaires. Je me suis allonger dans un petit boyau peu profond à gauche de la pièce. L’attaque ennemie se déclenche vers 6h30. Je fais usage de mon mousqueton pendant quelques minutes et tout d’un coup, nous nous trouvons encerclés par les Allemands qui sont en grand nombre et qui nous tirent dans le dos.
   Me voyant prisonnier, je réussi à me dégager avec un de mes camarades et mon chef de pièce le Caporal Jules Viard. Tous les 3 nous avons battus en retraite dans la direction du boyau. Pendant la retraite nous avons eu à subir les feux d’une mitrailleuse. Nous faisions des bonds de trous d’obus en trous d’obus, et pendant le parcours, nous avons perdu de vu le Caporal Viard sans pourvoir affirmer ce qu’il est devenu. Dans le boyau nous avons vu le Sergent Herzberg qui était blessé. J’ai rencontré également quatre camarades de ma Cie qui avaient pu s’échapper comme moi, et dont deux étaient blessés. Les deux blessés étaient le soldat Groleron et le soldat Guénot. Nous avons aidé les camarades blessés à gagner le poste de secours. J’ai essayé d’avoir des renseignements sur ma Cie mais n’ayant pu obtenir aucune liaison et souffrant encore des gaz, je suis descendu au bureau de ma Cie avec mes camarades.
J’étais en ligne avec la 11e Cie.
Dans le cours du combat, je n’ai pas pu voir ce qu’était devenu les camarades de ma Cie ni les gradés.