En dépit de l'ordre préconisant l'arrêt de toute attaque (peut-être l'ignorait-il à ce moment), le Colonel von Below ordonne à ses régiments de reprendre leur progression le 12 juillet. La 2e Brigade Bavaroise n'a pas connu les succès de la 1ere Brigade. Sur la portion du front qui lui était dévolu, la 2e Brigade n'a pas progressé d'un pas.
Pour ne pas laisser la Garde Bavaroise dans une position délicate, le flanc découvert, von Below entreprend de rétablir la ligne de front en se plaçant à la hauteur de la 1ere Brigade.
L'objet de cette attaque, prévue à l'aube du 12 juillet, devait permettre à la 2e Brigade de se positionner sur une ligne se trouvant à 250m au nord de la route de Verdun à la Chapelle Sainte fine, puis rejoignant la corne sud-ouest du Bois de Vaux-Regnier. En aucun cas la prise de la Chapelle Ste Fine et encore moins celle du Fort de Souville n'était envisagée.
A 3h 00, les 2e et 10e Cies du 140e RI prussien, sous le commandement du lieutenant Lamprecht, surprennent les débris des deux sections du 167e RI (sous-lieutenant Simoutre) qui, aux côtés des reste de la section Barille du 7e RI résistent encore à la Station de Fleury. Les sous-lieutenant Reinhardt et Dory sont tués. On dénombre cinq survivants : le Caporal Rivier et les soldats Jacques, Gestin, Bonneville et Molis.
Cet obstacle franchit, la 2e Brigade peut poursuivre sa progression.
A 5h00, le 140e RI enlève la position tenue par la 9e Cie du 7e RI, à l'ouest de la Chapelle Ste Fine.
Le 140e IR poursuit sa progression vers Souville. A 8h30, repérés, ils sont pris sous le feu de l'artillerie française qui déclanche un incroyable tir de barrage. Tout se qui crache des obus entre la lisière ouest du Bois Vaux-Chapitre et les abords sud de Fleury entre en action. La progression du 140e RI est stoppée. Certains éléments refluent, d'autres, ne trouvant personne devant eux au nord-ouest de la chapelle, vont de l'avant. La 2e Cie du lieutenant Groth s'installe dans la tranchée Genty. De cette position située à 100m de Souville, il envoie la section de l'Enseigne Bayer (qui sera tué le 31 Août au Bois d'Avocourt), en reconnaissance vers le Fort. Bayer atteint le Fort de Souville vers 9h 00. fortement éprouvé par les bombardements, les murs d'enceinte éboulés par endroits, la section Bayer pénètre aisément dans l'ouvrage. Cette intrusion n'est pas passée inaperçue. Les 3e, 10 Cies et CM1 (Lieutenant St Sernin) du 7e RI, dégage le Fort. A 9h 10 l'affaire est entendue.
La menace sur le fort de Souville n'en est pas moins totalement écartée. Dès 9h30, le Général Paulinier donne l'ordre au 25e BCP de se porter au contact de l'ennemi. A 12h 00, le bataillon atteint la batterie Est du Fort. Il progresse vers la Chapelle, bouscule la 2e Cie du 140e RI et en mitraille la 10e Cie prussienne qui reflue sur les abords de la chapelle. Le Lieutenant Groth est tué un peu plus tard lors d'un engagement avec le III/14e RI.
La liaison est ainsi établie à droite avec le Commandant Chaillot (7e RI) et à gauche avec une compagnie du 100e RI.
L'alerte a été chaude et les pertes sont lourdes pour le 25 BCP qui perd 123 hommes.
Une ligne continue a enfin été rétablie sur le front français. Elle passe par la cote 321 (Bois des Trois Cornes au nord-ouest de l'ouvrage de Thiaumont), puis le Retranchement Z (à 150m de l'ouvrage de Thiaumont), la Batterie C (au sud-ouest de l'ouvrage de Thiaumont), l'Abri des 4 cheminées, la tranchée Lamirault, la corne nord-est du Bois de fleury, les abords sud de la Chapelle Ste Fine et nord des Carrières du Bois de Vaux-Chapitre, la tranchée du Bois Fumin, les cotes 349-342, fond de Beaupré et Ferme de Dicourt.
Ainsi, la situation française s'est nettement améliorée. Les abords immédiats du Fort de Souville sont dégagés. La ligne générale est reformée et solide. Néanmoins la Chapelle Ste Fine reste aux mains des Allemands.
Notre position n'est pas mauvaise. Nous tenons le boyau de la Caillette et la tranchée Genty, nous offrant un magnifique panorama sur les positions ennemies. Mais pour reprendre la Poudrière, il nous faut au préalable, occuper plus largement le plateau de Fleury d'où les Allemands peuvent flanquer le Ravin de la Poudrière. Pour ce faire, les Français doivent impérativement forcer le verrou que constitue la Chapelle Ste Fine.
Fort de
Souville - Chapelle Sainte-Fine - 1er Juillet 1916
13 Juillet, 10h 30. Le Lieutenant-colonel Passerieux, en charge du sous-secteur, reçoit l'ordre du colonel Goubeau, de se porter sur la Chapelle Ste Fine où la 13e Cie du 140e Ri prussien se cramponne avec acharnement. La ligne a subi une rupture; le 169e est désigné pour combler le vide.
11h 00. La 5e Cie du 169e RI reçoit l'ordre de se mettre à la disposition du Commandant Chaillot (7e RI) pour appuyer le mouvement.
Le Capitaine d'Histrimont nour relate l'aventure:
"Le 13 vers midi, le Capitaine d'Histrimont, Commandant la 5e Cie (Sous-Lieutenant Henry-Lieutenant Petit), est appelé au PC. du Chef de bataillon (Commandant Legret) et reçois l'ordre de sortir avec sa compagnie, renforcée par une section de mitrailleuses, pour aller, face au Nord-Ouest, boucher un trou d'environ 150m, qui s'est révélé vers la Chapelle Ste Fine entre la gauche du 169e et la droite du 100e. L'opération est immédiate et devra être réalisée par une attaque en plein jour et "par surprise", qui se déclanchera à 12h30. L'artillerie est prévenue et coopérera à l'affaire. Le chef de Bataillon laisse toute initiative au Commandant de compagnie pour concevoir et conduire la manoeuvre. Le terrain est sous les vues du Fort de Souville qui se dresse derrière la gauche et où se trouve un PC. important et de nombreux observateurs. Mais aussi et surtout, il est en pleine vue. Côté ennemi, du Fort de Vaux, d'où les observateurs (les bois n'existent plus), adverses ne manqueront pas de signaler la compagnie dès qu'elle sortira de ses trous. Le Commandant de compagnie fait seul une reconnaissance rapide du terrain, puis revient à sa compagnie qu'il est temps de porter en avant par une manoeuvre latérale en arrière de la crête que l'ennemi tient sous son feu devant Fleury, village désigné comme axe de l'attaque, mais dont on n'aperçoit plus la moindre trace. Un "à droite" placera le moment venu la compagnie face à son objectif supposé. On sait où est la gauche du 169e; on ne sait pas très bien ou se trouve la droite du 100e. Le commandant de compagnie réunit ses chefs de section et de la section de mitrailleuses : marche d'approche en colonne par un et parallèlement au front, puis face à droite et progression jusqu'à l'objectif: la crête. Les trois premières sections, et les deux demi-sections de mitrailleuses dans les intervalles, en échelons refusés face à gauche, puisqu'on ne sait pas où est le 100e. La droite de la section de droite viendra appuyer la gauche du 169e, la 4e Section est en soutien derrière la section de droite de première ligne. De sa personne, le commandant de compagnie progressera entre ces deux sections, prêt à faire intervenir la 4e Section là où se sera nécessaire."
La manoeuvre se déroulera comme convenu. Les observateurs de Souville ont déclaré ensuite, qu'elle s'était exécutée comme sur un terrain de manoeuvre.
La marche d'approche se déroule sans incidents sur 300m. Puis, répérée par les observateurs allemands de Vaux, un violent tir de barrage est déclanché, auquel s'ajoute le tir des mitrailleuses ennemies, dès que les trois premières sections et la SM attaquent la crête.
Le Lieutenant Petit est tué d'une balle au front, mais l'objectif est rempli. La liaison avec le 169e et le I/100e est achevée. 96 soldats du 169e RI sont tombés.
"Monument de la Chapelle Sainte Fine 1965 - 2008"