128e Division
255e Brigade
167e Régiment d’Infanterie
2e Bataillon
Le 17 Juillet 1916
Rapport du chef de Bataillon Le Brun, Commandant le 2e Batailon du 167e Rgt d’Inf. au sujet de l’attaque allemande du 11 Juillet 1916. Secteur de Fleury.
Le 2e Bataillon avait occupé le 8 Juillet en 1ere ligne à 22 heures les positions indiquées sur le croquis ci-joint, en liaison à droite avec le 3e Bataillon du 167e, à gauche avec le 317e Régiment d’Infanterie.
Le 9 et le 10 Juillet, à plusieurs reprises, la position avoisinant le Poste de Commandement fut violemment bombardée par obus de gros calibre. Les 1eres lignes et les tranchées de soutien recevaient seulement des obus de 77 et de 88. Ce bombardement reprend à la nuit pour ne plus cesser.
A 23 heures, des nappes de gaz suffocants et lacrymogènes se répandent sur l’ensemble de la position. Bien que les hommes aient mis leur masque à temps, plusieurs sont incommodés, surtout vers le fond du ravin des Vignes.
Le 11 Juillet à 6 heures, le bombardement cesse. Les tranchées sont submergées sous un nuage épais de gaz et de fumée d’explosifs. Le Bataillon est prêt à l’action, des patrouilles sont envoyées au delà de la ligne des guetteurs, pour prévenir de l’approche de l’ennemi. La Compagnie et la section de mitrailleuses en soutien se tiennent prêtes à prononcer une contre-attaque.
A 7h30, le Commandant du Bataillon reçoit l’ordre de faire appuyer à droite un peloton de cette Compagnie de soutien, pour agir dans le secteur du 3e Bataillon, attaqué par l’ennemi.
A peine ce mouvement est-il commencé que l’ennemi apparaît en masse à droite et derrière les tranchées de droite de la 7e Cie, descendant la crête de FLEURY, occupée par le 3e Bataillon du 167e. Il nous déborde donc à droite. Un engagement rapide et violent à la grenade a lieu entre 3 sections de la 7e Compagnie et des groupes ennemis appartenant au 1er Chasseurs Bavarois (d’après les pattes d’épaule recueillies ultérieurement et les prisonniers faits) ; en même temps, l’ennemi apparaît dans la fumée à 40 mètres devant la tranchée de la 4e section de la 5e Cie, puis devant tout le front. Des ennemis crient et font signe aux hommes de se rendre.
Les hommes montent immédiatement sur le parapet, baïonnette au canon et ouvrent le feu. En même temps le 1er peloton de la 2e Cie de mitrailleurs déplace rapidement ses pièces, primitivement pointées sur le bas du ravin et fauche tout ce qui se trouve devant la tranchée. Les groupes ennemis sont arrêtés sur place.
Quand la situation se précise, les 2e – 3e – 4e sections de la 7e Cie ont disparues après s’être défendues sur place, jusqu’au bout. Cependant le peloton envoyé à droite vers le 3e Bataillon ne peut établir la liaison avec ce bataillon et trouve l’ennemi en position à la crête, vers la courbe 320, dominant de près la tranchée de la ligne de soutien française. Le front du bataillon est étendu jusqu’à cette crête et renforcé en extrême droite par une escouade de grenadiers, destinée à la défense du boyau allant vers les nouvelles positions ennemies. Aucune des patrouilles envoyées à droite ne peut rétablir la liaison avec le 3e Bataillon. Elles rencontrent partout l’ennemi. Toutefois celui-ci est délogé de la crête par l’action combinée de l’artillerie et de nos feux d’infanterie.
Le Bataillon, réduit à 9 sections et 1 compagnie de mitrailleurs occupe ainsi un front de 900 mètres. Il n’a plus aucun soutien disponible, les dernières fractions ayant été portées en ligne pour combler les vides.
Tard dans la soirée, vers 23 heures seulement la liaison peut être rétablies avec des éléments du 168e qui se sont portés en avant.
Les 12,13, et 14 Juillet, le Bataillon a tenu ses positions, envoyant des patrouilles actives en avant de son front, en particulier dans les anciennes tranchées françaises d’où l’une de ces patrouilles rapporte une mitrailleuse et ramène une sentinelle ennemie prisonnière. Un autre prisonnier est fait devant le front de la 6e Cie ; un 3e ramené blessé le long du chemin de fer expire deux heures plus tard.
La droite du Bataillon est toutefois très en l’air vers la crête, en liaison cependant avec le 168e.
Des dépositions de prisonniers et des renseignements recueillis, il résulte que l’attaque du 22 Juillet, préparée dans tous ses détails et accompagnée de moyens puissants (en particulier appareils lance-flammes et gaz asphyxiant), a été exécutée par 7 ou 8 régiments. Organisée pour le début du mois, elle avait été remise en raison des mauvaises conditions atmosphériques et ne fut tentée que lorsque celles-ci redevinrent favorables.
Le 17 Juillet 1916.
Le Chef de Bataillon Commandant le 2e Bataillon du 167e.
Le Brun